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Reconversion professionnelle réussie - Philippe Drouillon

Philippe a donné un nouvel élan à sa carrière à 44 ans. Changer de métier a pour lui été l’occasion de faire à 100% une activité qu’il avait déjà commencé à pratiquer chez son précédent employeur.

 

Peux-tu nous faire un petit récap’ de ton parcours ?

À 18 ans j’ai fait des études scientifiques d’ingénieur en chimie et une licence en biotechnologie. À cet âge-là, pour moi, c’était grâce à la science qu’on allait sauver le monde. Puis j’ai trouvé un job dans une grosse multinationale Belge actrice dans le domaine de la chimie. Au bout de 20 ans, j’ai eu l’impression d’arriver dans un cul de sac pour développer ce qui me plaisait : des modèles positifs ou à impact. J’étais engagé extra-professionnellement avec le sentiment d’aller chercher ailleurs en compensation ce que je ne trouvais pas dans ma vie professionnelle. J’avais des envies de changement et surtout de lancer mon activité, sans avoir le courage de me donner le coup de pied qu’il fallait pour y aller. Et un soir j’ai envoyé un sms à mon boss en disant “il faut qu’on se voit.” Le lendemain je lui annonçais que je voulais partir.

 

“avec ma vie professionnelle je n'avais pas le temps, donc il fallait couper le cordon avec mon employeur.”

Tu as pu tester ton projet professionnel avant de te lancer ?

Pendant 3 à 4 ans, j’ai élaboré ça sur papier et beaucoup tanné mes potes en leur en parlant. Ils me disaient “soit tu fais le grand saut, soit tu arrêtes de nous en parler.” J’avais un statut auto-entrepreneur pour me tester avant de me lancer, mais avec ma vie professionnelle, je n'avais pas le temps, donc il fallait couper le cordon avec mon employeur. 

En quoi consiste ton entreprise ?

J’ai développé une offre de services pour accompagner des entreprises à impact positif, des ESS ou des moyennes et grandes entreprises qui ont une vraie intention de faire basculer leur business modèle vers plus d’impact positif. Je propose à mes clients d’adopter l’une des postures suivantes pour les accompagner : chef de projet, conseiller, coach ou facilitateur.

Tu es reparti de zéro dans ton nouveau projet professionnel ?

Je suis repartie de zéro par rapport aux clients et aux bénéficiaires de mes services, mais dans le cadre de mon métier précédent, j’avais déjà acquis un solide bagage. Au début, j’ai complété mes compétences en m’engageant en tant qu’entrepreneur à temps partiel pour une entreprise de l’ESS. 

Quelles compétences as-tu pu utiliser que tu avais mobilisées dans ton précédent emploi ?

Des compétences en stratégie, en coaching. J’ai pu suivre une formation de coach, payée par mon employeur, pour développer ces compétences. Je les ai testées en coachant des équipes de directions et d’ouvriers chez cet employeur.

Comment as-tu trouvé tes premiers clients pour exercer professionnellement ton activité ?

Comme j’en avais parlé à des amis, par le bouche à oreille, j’ai pu me tester sur des premières missions.

Tu parles de grand saut, tu l’as vraiment vécu comme ça ? Comment tu t’es senti ?

Oui. C’est la première fois que je partais vraiment dans de l’inconnu. J’ai occupé pas mal de fonctions chez mon employeur et c’était juste un nouvel environnement, des nouveaux repères, mais alimentairement, il n’y avait pas vraiment de risque. En tant qu’indépendant se pose la question de savoir si ça va permettre de vivre à la fin du mois. C’est un grand saut, mais je me suis dit : “je me donne 6 mois pour voir si ça va fonctionner” et ça a été le cas. 

Tu as changé de job à 44 ans, comment as-tu vécu cette reconversion ?

J’ai été traité de dingue. 😂

À quoi tu ne t’attendais pas dans ta réorientation ?

Reprendre ma liberté et mon autonomie, c'était quelque chose que j'espérais avoir en décidant de changer de vie pour être indépendant. En revanche, je ne m’attendais pas à être aussi passionné par ce que je fais. J’arrive à vivre d’une activité que je ne pensais pas pouvoir être une activité professionnelle. Je passe ma journée à faire des trucs que je ne pouvais imaginer faire que le soir après le boulot. En tant qu’indépendant, tu peux aussi t'aménager des temps libres à n’importe quel moment quand tu en as envie, et du coup je ne m’attendais pas à moins ressentir le besoin du week-end. 

C’est quoi les leçons que tu retires après 12 ans en tant qu’indépendant ?

Tu dois t’auto-coacher pour pouvoir gérer les moments moins confortables où tu touches moins de salaire. Ne pas trop stresser, essayer des choses, et te laisser des moments pour accueillir des choses : oser laisser des "plages vides" dans un planning permet d'être mentalement et physiquement disponible à accueillir de nouvelles opportunités, des heureux hasards, qui peuvent conduire à de nouvelles missions permettant ainsi de se réinventer régulièrement. Si ces moments libres n'existent pas, j’ai la tête dans le guidon et la seule chose que je peux faire c'est : plus de la même chose, avec le risque de passer à côté d'opportunités de réinvention.

À quel moment tu peux lâcher prise ?

Tu ne lâches pas prise. L’inquiétude reste en tant qu’indépendant freelance. Elle est moins forte qu’avant, car j’essaie de la modérer en me souvenant de ce qu’il s’est passé quand j’ai pris peur. Souvent tout s’est bien passé. J’essaie de me souvenir du temps que ça a duré et je me dis que je peux m'inquiéter quand ce délais est passé. Il faut juste gérer ce moment d’inconfort. Ce serait mentir de dire que je lâche complètement prise. Ça fait 12 ans que je suis dans cette activité. Est-ce qu’un jour ce que je propose sera moins pertinent ? Si c’est le cas, si j’ai fait le saut une fois, je le referai s’il faut changer de direction à mon activité.

Pour aller plus loin

👉[DOSSIER] Réussir sa reconversion professionnelle

👉 Il n'y a pas d'âge pour commencer : faire une reconversion professionnelle à 35 ansà 40 ansà 50 ans

👉 Des outils utiles pour mieux se connaitre : l'Ikigaile Test MBTI

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👉 Trouver un emploi à impact positif

👉 Se former aux métiers de la transition écologique et sociale