Guide de la reconversion professionnelle

Témoignage : entamer une reconversion professionnelle à 50 ans

Évoluer professionnellement c’est possible à n'importe quel âge. Fabienne et Eric, par la voie de l’entrepreneuriat, ont tous deux entrepris des changements professionnels à 50 ans et nous racontent leurs motivations à changer de voie. Bien qu’ils soient tous deux entrepreneurs et indépendants aujourd’hui, les étapes de la carrière de chacun d’entre eux diffèrent. Eric a travaillé en tant que salarié jusqu’à ses 50 ans et Fabienne, quant à elle, a toujours été à son compte. Ce qui les réunit c’est peut-être leur force de caractère, leur curiosité et leur envie d’adapter progressivement leur domaine de compétences au contexte sociétal : parce qu’ils souhaitent faire évoluer leur métier pour répondre aux enjeux actuels, chacun d’eux s’est dernièrement lancé dans un nouveau projet professionnel dans le domaine de l’impact. 

 

Pour tous ceux qui souhaitent réorienter leur carrière à 50 ans ou plus, leur histoire pourrait vous intéresser ! 😉

Fabienne Lemoine a fait une reconversion professionnelle après 50 ans

Fabienne Lemoine - CEO de Sense by Sensis 

Connaître son métier et en faire un terrain de jeu perpétuel

Le domaine de formation de Fabienne c’est le design et le marketing. Baignant dans la dynamique entrepreneuriale grâce à son père - qui a mis “une merveilleuse chose dans sa tête : tout est possible” - pour se lancer dans la vie professionnelle, elle ne voit pas d’autres options que de monter son entreprise pour s’épanouir. S’ensuivra des réorientations professionnelles multiples, sans pour autant complètement changer de métier.

 

Elle nous raconte…

Si je fais un peu l’historique, je suis tombée dans la marmite entrepreneuriale très jeune. J’ai été éduquée sur le fait qu’il fallait prendre sa vie en main et être aux commandes du navire.” Elle suit un parcours de formation de graphiste puis à envie de travailler très tôt. Après 1 an et demi de salariat, elle devient freelance, lance sa première entreprise à 20 ans, puis crée son agence de marketing qu’elle développe pendant 25 ans.

 

Un premier “choc”, fait naître en elle un désir de changement

Son parcours professionnel dans le marketing a été rythmé par de nombreux changements. Fabienne à dû s'adapter et évoluer dans le métier dans un métier qui n’a cessé de bouger pendant toutes ces années “on est passé de marketing direct à marketing opérationnel, puis de services.” C’est l’arrivée du smartphone qui créer en elle un premier choc : “Quand d’un seul coup j’ai eu un iphone entre les mains, j’ai vu la richesse qui était en train de s’ouvrir, je trouvais ça génial qu’un nouveau terrain de jeu s’ouvre.” Elle souhaite alors faire évoluer son métier et entreprend une réorientation vers le monde de l’innovation et de la technologie. 

 

 À 50 ans, un nouveau besoin de réorientation de carrière

“Est arrivée la 50aine, et avec elle, des questions que je ne me posais pas. Quel est le sens de tout ça ? Qu’est ce qui me motive ? Vers quoi je veux m’orienter pour mes dernières années de travail ?” Au moment où Fabienne se pose ces questions, commencent les débats autour de l’entreprise à mission qu’elle trouve passionnants. “On a vécu un changement très profond du rôle de l’entreprise. Avant on avait des modèles très cloisonnés : d’un côté des entreprises qui étaient là pour faire du profit, des ONG ou associations qui étaient là pour faire des missions. Chacun était dans son carré. Tous ces débats ont fait que tout est devenu un peu hybride. Et je me suis interrogée sur la RSE et l’innovation durable.” Elle veut alors comprendre ce qu’est l’innovation et pour cela, change d'orientation son agence, en la rapprochant d’une autre spécialisée en innovation de design. Avec ce nouveau partenaire, le deal est clair : Fabienne ne souhaite pas être présente à 100%. Après 25 ans à développer son agence, elle a besoin de temps pour se poser, se questionner et pour changer la façon dont elle exerce son métier. Elle profite de cette collaboration pour explorer le champ de l’innovation durable, de la RSE et des startups à impact.

 

Une démarche de transition progressive

C’est surtout en explorant ce qui se fait dans un nouveau secteur qu’elle affectionne, que Fabienne construit petit à petit une réflexion qui va l’amener à choisir une autre voie pour son agence. Elle identifie que la vraie problématique des entreprises à impact est celle du modèle économique. “Si on ne s’accroche pas au bon modèle économique, on peut avoir toutes les bonnes intentions du monde, on se heurte forcément à un moment à la réalité économique.”

Puis, elle découvre le modèle de l'économie circulaire qui répond à cette question de prendre le problème par le modèle économique pour arriver à générer des externalités positives. “Ça m’a paru comme une évidence et je me suis mise en quête d’une formation sur le design circulaire pour exercer mon métier différemment.”

Pour son projet de reconversion, c’est la formation Circulab qu’elle choisit. Elle coche toutes les cases importantes pour elle : une formation sur le design circulaire, qui permettait d’avoir une communauté et des outils pensés, testés et opérationnels de façon immédiate.

Aujourd’hui j’accompagne des startups, souvent à impact ou des entreprises plus traditionnelles qui désirent entrer dans l’économie circulaire. Je suis aussi consultante formée par l’ADEME à la réalisation de diagnostics en éco-conception

“Tu sais mieux ce que tu veux, ce que tu ne veux plus, tu te connais un peu mieux qu’à 20 balais” 

 

Un changement professionnel à 50 ans bien vécu 

Pour Fabienne, les points positifs de cette réorientation professionnelle à 50 ans passés sont nombreux : “Tu sais mieux ce que tu veux, ce que tu ne veux plus, tu te connais un peu mieux qu’à 20 balais. Il te reste 15-20 ans d’activité, tu es sur le dernier cycle et tu as envie qu’il soit plus en lien avec ce que tu aimes.” exprime-t-elle, en précisant toutefois qu’elle a eu la chance de bien fonctionner tout au long de sa vie et d’avoir “un tas de pression financière qui ne sont plus là.” Le plus difficile quand on change de métier à 50 ans, c’est peut-être pour les autres : “le manque de souplesse peut être une contrainte, pas pour soi, mais pour les autres.” Elle sait ce qu’elle veut, accepte moins de choses qu’avant et ceux qui collaborent avec elle devront s’y adapter.

Eric a fait sa reconversion professionnelle après 50 ans

Eric - CEO de ViaPando

Changer de travail pour des raisons professionnelles d’évolution

Eric commence sa vie professionnelle dans une PME, sur son territoire, en Auvergne. Il a un parcours dans le commerce et le marketing et débute sa carrière dans le secteur du bâtiment. Très vite, les possibilités d’évolution en Auvergne sont restreintes et il oriente sa recherche d’emploi vers des grands groupes à Paris : un groupe français dans la peinture, un anglais dans les plaques de plâtres puis Saint Gobain dans l’isolation. 

 

Sensible à l’éco-construction, il va orienter sa vie pro différemment

Quand Eric rejoint ISOVER, la filière isolation de Saint-Gobain, on lui fait lire le premier rapport du GIEC. Coup de massue ? Pas vraiment.“Pour apprendre mon métier, dès 1992, j’ai été sensibilisé au fait que l’énergie n’allait cesser d’augmenter, de se raréfier”, explique-il. Exercer professionnellement un job dans l’isolation c’est déjà faire attention que les bâtiments aient une consommation énergétique beaucoup moins importante. 

En 2005, il quitte Saint-Gobain et rejoint le groupe Vicat, un industriel du ciment pour créer une direction marketing. “Je commence à lancer des développements orientés bio-construction et j’amène le groupe Vicat à investir dans des solutions constructives biosourcées comme du bois.” Ramant à contre courant dans un groupe qui ne pensait que “béton, béton”, Eric contribue tout de même, avec d’autres collaborateurs, à faire de Vicat, l’un des acteurs de la bio-construction.

 

À 50 ans, en quête de sens et d’utilité, il crée son cabinet de conseil

En 2013, Eric crée son cabinet de conseil pour accompagner des PME dans leur stratégie de développement. C’est lorsqu'un consultant spécialisé en durabilité lui dit qu’il devrait revendiquer un peu plus sa stratégie responsable qu’il maîtrise et pratique déjà auprès de ses clients, qu’il décide de se former. “J’ai profité du confinement pour faire un cursus avec le Campus de la transition à Forges. J’ai aussi fait les parcours biomimétisme et économie circulaire avec Circulab. Aujourd’hui, je peux m’afficher complètement dans cette logique d’économie d’impact.

 

Changer de vie professionnelle ne veut pas forcément dire se reconvertir

Pour Eric, trouver sa voie professionnelle c’est un chemin. “Je n’aime pas le mot reconversion. La vie c’est un chemin et la vie professionnelle aussi. J’ai évolué professionnellement et certains choix que j’ai fait m'ont amené vers d’autres chemins.” Sa nouvelle vie professionnelle s’inscrit dans une continuité. Il s’agit plus pour lui d’une évolution de carrière que d’une reconversion. “J’intègre toujours les éléments de contexte dans le développement et aujourd’hui le contexte c’est : plus d’environnement et de social”. Pourtant il y a bien un fil rouge dans la carrière d’Eric. Quel métier n'a t il alors cessé de pratiquer depuis qu’il est rentré sur le marché de l’emploi ? “Le développement d’activités commerciales.”

 

“Je n’ai jamais cherché le gros salaire ou le statut, ce qui m'intéressait c’était l’action concrète.”

 

Choisir un métier plus proche de ses convictions pour se préserver

Réussir à quitter le statut de salarié pour celui d’entrepreneur, c’est peut être la seule “éventuelle reconversion” qu’il ait mené. “J’ai quitté le confort des grands groupes, des gros salaires, des plans d’épargne pour devenir indépendant. C’était en 2013, j’avais 50 ans et je l’ai fait surtout pour me préserver en termes de santé mentale et physique, parce ces grands groupes sont des machines à broyer de l’humain. Ma recherche de sens était assez centrée sur moi même. Je me suis dit que si je restais dans ces groupes là, comme je n’étais pas prêt à faire des concessions sur certaines choses, j’aurais fait mon travail au détriment de ma santé. Je n’ai jamais cherché le gros salaire ou le statut, ce qui m'intéressait c’était l’action concrète.” 

 

Le bilan de ces étapes professionnelles ?

C’est en aidant aujourd’hui des PME à devenir plus responsables et à servir son territoire, l’Auvergne, que son nouveau métier lui donne du sens. Sans aborder la possibilité qu’il change de voie une autre fois avant de prendre sa retraite, on peut imaginer qu’il puisse le faire, via le travail ou via un autre moyen, car pour lui “une quête n’est sans doute jamais terminée.”