La lettre de motivation pour une reconversion professionnelle dans l’impact
Après mon dernier article sur les CV dans les emplois à impact, j’ai le plaisir de te présenter en exclusivité mondiale un nouvel article, consacré cette fois-ci aux lettres de motivation.
Que tu sois en recherche de stage, en reconversion professionnelle ou demandeur d’emploi, la lettre de motivation, comme le CV, demande un tour de force : tu dois faire tenir sur une seule page ta motivation pour un emploi dans la structure, les points les plus saillants de ton parcours professionnel, rassurer le·a recruteur·euse quant à tes compétences, tout en faisant la différence avec les autres candidat·es, le tout pour parvenir à décrocher un entretien. Comment réussir cet exploit ? Je ne veux pas te gâcher la surprise, mais c’est par une analyse minutieuse de l’offre, par une construction solide de la lettre et par une mise en forme impeccable. Le tout doit servir à illustrer ton profil dans sa singularité et mettre en avant ta volonté d’engagement.
J’en avais déjà discuté dans le précédent article sur les CV, mais un des points essentiels des demandes de recrutement dans l’ESS (Economie Sociale et Solidaire : assos, coopératives, fondations, mutuelles, entreprises sociales) concerne l’engagement des candidat·es. Si tu souhaites en savoir plus, je t’invite à consulter l’article sur les compétences que recherchent les recruteurs de l’ESS, qui relève que les valeurs et les soft-skills sont au cœur des demandes des structures de l’ESS. La lettre de motivation puis l’entretien sont donc des vecteurs essentiels pour défendre ta volonté d’engagement et l’adhésion aux valeurs de la structure dans laquelle tu candidates ; je reviendrai, étape après étape, sur les moyens de mettre en avant ton engagement.
Analyser l’offre
Ton positionnement face au recrutement
La première étape de ta recherche consiste à relire attentivement l’offre qui t’intéresse et à te poser les bonnes questions. Pour cela, rien de mieux qu’essayer de te mettre à la place de la personne qui te recrute. Il est important de comprendre que le recrutement est un enjeu majeur dans une structure, qui demande un temps et une énergie considérable ; c’est d’autant plus vrai dans les structures de l’ESS, qui sont dans leur majorité de petites structures (en moyenne 10,7 salarié·es, d’après les données de l’Observatoire national de l’ESS). En intégrant (souvent) une petite équipe, il est important que tu sois aussi rassurant que possible, en démontrant la conformité de ton profil à la demande de recrutement.
Pour mettre toutes les chances de ton côté, il faut aller travailler sur ton positionnement par rapport à l’offre : ”en quoi ma candidature est la MEILLEURE pour l’offre d’activité ? Pose-toi ces quelques questions :
- Quel est ton parcours académique ou professionnel ? D’où vient ta motivation pour occuper ce poste ? Comment peux-tu démontrer ta volonté d’engagement par rapport au poste proposé ?
- Pourquoi tu cherches à changer de job ? En quoi ton souhait d’évolution professionnelle est-il cohérent et qu’est-ce qui motive cette envie de changement ?
- Si tu as eu l’occasion de changer de parcours, d’entamer une reconversion, ou de changer de poste, n’hésite pas à expliquer comment tu as organisé ta réorientation professionnelle.
- Quelles sont tes compétences ? Sur quelles qualités personnelles (savoir-être) peux-tu t’appuyer pour réussir dans ce métier ? Est-ce que tu es ouvert à l’idée de se former pour découvrir un nouveau métier ? Il est important dans ce cas de montrer également ta motivation pour une formation.
- Et bien sûr, comment peux-tu faire la différence avec les autres candidat·es ?
Si tu as des difficultés à mettre en valeur les compétences acquises lors de tes précédentes expériences, ce qui peut être le cas par exemple au moment de se lancer dans la vie professionnelle, je ne peux que te conseiller, une fois de plus, de consulter le guide d’Animafac sur les compétences. Il faut ici montrer ce qui fait la spécificité de ton projet professionnel, pour aider la personne qui te recrute à cerner le plus facilement possible votre candidature et ses points forts. Rappelle-toi qu’il est tout à fait possible que tu sois une candidature parmi des dizaines d’autres et que le·la recruteur·euse n’a que quelques minutes à accorder à ta lettre : concentre-toi sur les points qui correspondent le plus à l’offre et sois direct·e et efficace.
Se poser les bonnes questions
La dernière chose à faire avant de passer à la rédaction de la lettre est de t’intéresser à ce que contient l’offre. Pour cela, tu peux te poser quelques-unes des questions suivantes :
- Le secteur d’activité et la forme de la structure : quels sont les sujets (environnement, santé, insertion, plaidoyer, éducation…) traités par la structure ? Sous quel angle ? Depuis combien de temps ? Quelle est la gouvernance de la structure ?
- L’identité de la structure : combien y-a-t-il de personnes employées ? Est-elle présente sur tout le territoire ? A l’international ? Si oui, où ?
- Le poste : existe-t-il déjà des postes similaires au sein de la structure ? Avec qui travailleras-tu ? Est-ce une création de poste ? Si oui, pour quelle raison ?
- Le missions : quelles sont les missions mentionnées ? Sont-elles claires ? Y-a-t-il une répartition du temps de travail entre les différentes missions qui constituent l’offre ?
- Le profil demandé : quelle formation et quel niveau d’études ? Y-a-t-il des demandes de formations professionnelles ou académiques spécifiques ? Combien d’années d’expérience ? Te demande-t-on de maîtriser des langues étrangères ? Des logiciels ? Quelles qualités personnelles sont nécessaires pour occuper ce poste ?
Identifie ces éléments dans l’offre (le surlignage marche bien) pour déterminer les mots-clés de l’offre, ce qui t'apparaît comme le plus important. Note notamment les répétitions, les emphases (« il est nécessaire de… » « une attention particulière sera portée à… ») ou les priorités secondaires (« il est souhaitable… » ; « une maîtrise de l’espagnol serait appréciée, mais n’est pas obligatoire »). Inutile de te dire qu’il est primordial que ces termes reviennent dans tes lettres de motivation, en illustrant par des exemples concrets comment tu as mis ces compétences en avant à travers tes expériences et ton engagement. Ici, la question à se poser est : “comment prouver concrètement que je sais faire mon métier ?”
Rédiger ta lettre de motivation
La méthode classique de rédaction de la lettre de motivation consiste généralement en trois paragraphes : une accroche, pour montrer ton intérêt pour la structure, le corps de l’argumentaire, pour développer ton parcours et une conclusion, qui rappelle ta motivation et conclut la lettre par une formule de politesse classique. Il est maintenant temps de voir comment le travail effectué avant de rédiger la lettre va pouvoir porter ses fruits.
L’accroche
Dans l’accroche, il est fondamental de montrer que la structure t’intéresse, que sa mission te touche plus particulièrement. Si un de tes engagements associatifs ou personnels se rapproche de la mission de la structure, n’hésite surtout pas à en parler ! Alternativement, tu peux commencer par un élément d’actualité pour démontrer que tu as un réel intérêt pour la cause de la structure. Pour cela, il peut être utile de t’appuyer sur des articles de journaux, des rapports, des études, autant d’éléments qui montrent que tu as voulu en savoir plus, que tu souhaites avoir un impact.
Si tu es en train de changer de voie, que ce soit un changement de métier ou plus simplement changer de secteur d’activité, n’hésite pas à préciser ici les raisons qui te poussent à envisager cette nouvelle vie professionnelle et en quoi tu as envie de faire ce métier : tes valeurs, tes engagements, tes convictions,...
Le corps de la lettre
Dans le corps de la lettre, il est nécessaire de reprendre les mots-clés et les informations repérées précédemment, pour montrer que tu es la personne la plus à même de correspondre au profil demandé. C’est le moment de reprendre les réflexions que tu as pu avoir sur ton positionnement par rapport à l’offre, en parlant de ton parcours et de ce qui t’a orienté vers l’offre à laquelle tu réponds. Explique en quoi tes études, tes expériences passées, ton engagement personnel t’ont permis de construire les compétences et les qualités pour répondre à la demande de la structure.
Ici, il faut se concentrer sur les points les plus pertinents de ton parcours : ton doctorat sur la littérature chinoise à la fin de la dynastie Qing est sans doute passionnant, mais pas nécessaire. En te limitant à un nombre restreint d’expériences, tu te laisses également plus de place pour les illustrer à travers des exemples concrets. De la même manière, n’hésite pas à chiffrer ou à contextualiser tes expériences passées ou ton engagement : « au cours de ma carrière professionnelle, j’ai accompagné 350 personnes… », « dans un cadre de transformation profonde de la structure, j’ai pu… ».
La conclusion
La conclusion peut être le moment idéal pour revenir sur des points importants, mais secondaires par rapport aux missions principales identifiées par l’offre. Par exemple, tes compétences linguistiques, ta maîtrise de logiciels ou encore tes qualités personnelles pourraient figurer dans cette conclusion, à moins que tu ne les aies identifiés comme étant essentiels, plus tôt dans ton travail d’analyse : parle de ta maîtrise de l’anglais pour un emploi de traducteur·trice dans le corps du texte plutôt que dans la conclusion.
Pour finir, tu peux utiliser une formule qui résume tes principaux arguments, avant de rappeler tes disponibilités : « convaincu que ma formation, mes expériences professionnelles et mon engagement seraient un atout pour votre équipe… », « désireux·se de défendre les actions de [nom de la structure], je suis convaincu que je pourrais vous aider à défendre la cause de [nom de la cause] ». N’oublie pas bien sûr de terminer par une formule de politesse telle que “veuillez recevoir, madame, monsieur, mes salutations distinguées” ou “je vous prie d’agréer mes salutations respectueuses”
Et après ?
Tout l’objectif de la lettre de motivation est d’obtenir un entretien : si tu l’obtiens, n’hésite pas à reprendre ton dossier de candidature (CV et lettre de motivation) que tu as rédigé. On t’interrogera certainement sur les points forts que tu as mis en avant et bien sûr sur tes éventuels points faibles ; tiens toi prêt à défendre ton parcours et à valoriser tes réussites. Dans le cas particulier où tu es en train de te réorienter professionnellement, prépare également tes arguments. Le-a recruteur-euse voudra certainement comprendre ce qui te conduit à envisager un changement de vie professionnelle, ce que tu souhaites mettre en œuvre pour réussir sa reconversion, comment en es-tu arrivé à envisager le métier pour lequel tu postules (bilan de compétences, etc.).
Comme tu as pu le constater, le processus proposé pour réfléchir à ton positionnement, analyser l’offre et rédiger une lettre peut être chronophage. Je ne peux donc que te conseiller de te concentrer sur les offres qui te paraissent les plus pertinentes et surtout celles qui t’intéressent le plus : il te sera d’autant plus facile de défendre l’intérêt et la singularité de ton parcours. Surtout, évite de faire des lettres de motivation à la chaîne ou de réutiliser en permanence le même modèle de lettre sans le personnaliser un minimum. Le-a recruteur-euse le repérera facilement et tu risques de passer à côté d’une opportunité. De même, tu peux chercher un exemple de lettre sur internet pour t’inspirer, mais ça ne sert à rien de faire du copier-coller. Ce qui compte, c’est de restituer de la manière la plus sincère possible tes motivations et envies professionnelles.
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