Par Laurent Polet,
Co-Fondateur de Primaveras. Professeur en management à Centrale Supélec.
Bonjour ! Je m’appelle Laurent. Avant de me présenter comme co-fondateur d’une école pour la quête de sens au travail, Primaveras, je suis aussi professeur en management au sein d’une école d’ingénieur, Centrale Supélec. Comme beaucoup de mes collègues, j’aime accompagner mes étudiants dans les choix d’orientation. Car même dans une grande école, les jeunes diplômés peuvent être paumés pour choisir leur premier job … c’est donc ce que je vais t’expliquer ici, comment choisir … quand on a le choix !
Je vais commencer par te donner quelques exemples de situations représentatives de mes élèves « perdus » face au choix d’entrée dans la vie professionnelle. Tu pourrais te reconnaître dans ces situations, et comprendre que ça ne dépend pas du métier d’ingénieur. Voici d’abord les questions de Rhamza, qui ne se projette pas dans un futur job d’ingénieur, mais qui n’a pas envie non plus de perdre tous ses acquis de ses années d’études. Elle aimerait trouver un métier qui aurait plus de sens, elle pense bien au domaine de la santé, mais quoi faire vraiment tant il y a de possibilités dans un milieu où on cherche plutôt des formations médicales ? Passons à Maud, pour elle cela semble plus clair. Elle est intéressée par les métiers du conseil, mais elle ne sait pas du tout comment faire la différence : « Je passe plusieurs entretiens. Oui, les missions me plaisent, mais les cabinets se ressemblent un peu tous, alors comment je fais pour choisir ? ». Dernier exemple, Thomas qui sait parfaitement qu’il veut participer à la transition écologique. Il rejette les grandes entreprises en m’expliquant « Moi, le greenwashing, ça me gonfle quand ils viennent nous raconter qu’ils font pleins de choses pour le climat mais que derrière, tu sais que c’est le business qui prime ! Malheureusement, je n’ai pas choisi les cours en énergie donc je pense que ça me ferme des portes ! ».
Ne pas choisir comme tu as déjà choisi
Globalement, je perçois le même problème chez Rhamza, Maud ou Thomas. Il n’est pas vraiment ne pas savoir quelle serait leur orientation, parce qu’ils sont tous une idée finalement. Floue, mais une idée quand même. Le problème c’est de savoir comment ils vont choisir. Et ce que je n’ai pas dit, c’est qu’ils ont tous ce sentiment que le premier job va définir la suite de leur carrière, et que s’ils se plantent, ce serait mal engagé pour la suite.
Bref, une méga pression pour faire le bon choix !
Derrière cette question du bon choix se cache le principe qu’il y aurait un choix qui serait meilleur qu’un autre. Il existerait un métier parfait, le « fumeux » mythe du job idéal ! Et ça, c’est un raisonnement qui est façonné par les études. Car pour beaucoup, le choix durant la scolarité a consisté souvent à choisir la meilleure filière, le meilleur diplôme, ou la meilleure école. Or Rhamza, Maud et Thomas, ne peuvent pas aborder leur questionnement sous l’angle du meilleur poste car : ils ne semblent pas carriéristes, ils ne sont pas animés par la quête du meilleur salaire, ils ne visent pas la boite la plus cotée. Il n’y a pas dans l’absolu un travail qui cocherait toutes les cases pour eux ! … Par conséquent, si aujourd’hui tu te reconnais dans ces doutes, c’est qu’il va falloir choisir autrement que la manière avec laquelle tu as choisi jusqu’à présent dans tes études !
Le choix du manager plus que le choix du poste
Voici une bonne manière de résoudre le problème : choisis le bon manager ! Je t’explique. Si tu acceptes le principe qu’il n’y a pas un meilleur poste dans l’absolu pour toi, et qu’en plus tu n’es pas totalement au clair sur ton orientation, rencontrer un bon manager peut être une chance incroyable pour ta carrière. C’est un atout essentiel. Car tu dois avoir conscience que le premier job est un moment clé pour se prouver qui on est vraiment, pour acquérir une expérience dont on sera fier, et tout simplement prendre confiance en soi. Et tu comprendras rapidement que ce conseil vaut finalement pour toute la vie professionnelle !
Prenons le problème à l’envers. Imagine toi dans une entreprise avec une super mission mais dans laquelle ton manager direct est absent ou super contrôlant ? Imagine que Rhamza réussisse à avoir une proposition d’embauche, très bien payée, dans le cabinet le plus réputé de Paris, pour une mission avec plein de déplacements à l’international, au contact de grands groupes, … mais qu’elle subisse une pression folle, doive rendre des comptes quotidiennement à son manager qui ne lui laisse aucune autonomie parce que ce sont des clients stratégiques du cabinet … A l’opposé, Thomas pourrait chercher des postes ou des missions, peu importe lesquels, pourvu que ça soit dans la transition énergétique. Il postulerait à des annonces qu’il trouve sur la plateforme Jobs That Make Sense. Même s’il hésite, au moins ça l’attire. Grâce à une candidature, le voici face à au manager qui le recrutera demain ! Un manager qui lui confiera des responsabilités, qui l’appuiera, prendra de ses nouvelles, et lui permettra de monter en compétence voire de répondre à ses envies de faire des projets qui l’attirent .… Et ça changera tout pour lui !
Comment reconnaître ce bon manager ? C’est la bonne question. Cela se joue en entretien, ou sur les salons, partout où tu auras l’occasion d’échanger en direct. Pose-toi des questions simples : est-ce que le contact était naturel ? Est ce que je me suis senti à l’aise, ou mieux est ce qu’il m’a mis à l’aise ? Est ce que je me suis senti écouté ? Ai-je pu vraiment exprimer ce que je cherche ? Un bon indicateur, c’est de ne pas avoir vu le temps passer, signe que le dialogue fut fluide. Ai-je senti une bonne ambiance autour de lui, voire mieux, ai-je pu apercevoir les collègues ? En résumé, est-ce que tu te vois travailler tous les jours avec lui ! Tu passes une bonne partie de ton temps avec ton manager, en tout cas c’est la personne la plus importante pour obtenir du feedback, recevoir des conseils, partager des informations … Alors, si l’entretien laisse une impression médiocre, passe ton chemin. Car si ça se passe mal sur la première heure, … que dire si cela durait des journées entières !
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Quand le bon choix se provoque
Pour arriver à cette étape, il y a naturellement besoin de rencontrer des managers ! Tu pourrais m’opposer ce préalable et me dire qu’avant de choisir quelqu’un avec qui le courant passe, encore faut-il avoir la possibilité que son CV soit sélectionné. Et ce serait juste. Pour ce faire, tu as deux manières de faire. Soit tu postules à des annonces, soit tu enquêtes.
Oui, il est possible aussi de mener l’enquête ! Un exemple parlera mieux. Prenons l’exemple de Maud. Je lui ai conseillé de rencontrer des personnes qui travaillent dans la santé. Tout contact qu’elle peut avoir, toute rencontre qu’elle peut déclencher vont lui permettre d’interroger le type de postes, de métiers, de projets, de missions, qui peuvent faire écho à un sujet technique dans ce domaine. Cela lui permettra de mener l’enquête pour entrevoir des « endroits » qui peuvent avoir un intérêt pour elle. Et de fil en aiguille, elle pourra sans aucun doute être orientée vers des contextes professionnels (structures publiques, centre de recherche, sociétés de conseil …) qui permettront de mieux comprendre ce qu’elle peut y faire. Et qui sait, elle peut rencontrer à cette occasion un manager. Et qui sait, ce manager aurait peut être un poste à pourvoir. Et qui sait, ce manager serait peut être celui qui va lui permettre de s’épanouir dans son premier job ?
Quand on a fait des études, ce moment où on se jette à l’eau dans la vie professionnelle est toujours source d’appréhension. C’est normal et sain de s’interroger. En revanche, quand il y a des doutes, il est essentiel de réfléchir autrement. C’est aussi pour aider ces moments qu’on a imaginé chez Primaveras un accompagnement spécial pour les jeunes diplômés. La bonne manière, c’est toujours d’aller au devant, quitte à ne pas être tout à fait certain.e … après tout, tu ne risques rien !