L'Institut de Tramayes de l'intérieur, ça donne quoi ? - Témoignages
Tu te souviens de l’Institut de Tramayes ? Benjamin Destremau, l’un des co-fondateurs de cet organisme de formation, nous le présentait dans cet article. Pour découvrir l’Institut autrement, nous avons interviewé deux mamans d’élèves ayant rejoint Tramayes. Les deux élèves étaient en quête de sens, d’utilité, de ruralité, et semblent avoir trouvé chaussure à leur pied ! Les mamans racontent…
Emmanuelle et Anne
Emmanuelle est la maman de Solène, 22 ans, qui après des études d’infirmière, est partie un an en roadtrip. Anne, elle, nous parle de son fils Barthélémy, 20 ans, qui a vécu une période difficile après un décrochage scolaire en classe de première. “J’ai entendu parler de l'Institut de Tramayes sur Facebook. Je cherchais des formations et l'algorithme m’a fait arriver sur cet Institut”, explique Anne. Concernant leur parcours professionnel, Emmanuelle a d’abord travaillé dans l'industrie, puis a fait une pause professionnelle pour s’occuper de ses enfants. Elle est ensuite devenue commerciale pour une crèche, puis responsable qualité dans le médico-social, ce qu’elle fait depuis maintenant 10 ans. Anne a quant à elle été infirmière scolaire pendant 24 ans. Elle a récemment quitté son emploi pour se lancer dans la réhabilitation d’un château avec son mari, pour en faire une maison d’hôte.
Le parcours des deux jeunes
Solène rejoint l'Institut de Tramayes il y a 2 mois. Après des études d’infirmière, très théoriques, elle avait, selon Emmanuelle, “besoin de se confronter aux gens”. Son roadtrip, en camion, en solitaire, lui a appris à se débrouiller seule et lui a permis de se reconnecter aux autres, notamment en sollicitant leur aide. Sa fille avait aussi besoin de changer de cadre de vie “on est plutôt citadins et Solène était attirée par le milieu rural” précise Emmanuelle. Pour Barthélémy, l’expérience à Tramayes est plus récente, cela fait 3 mois qu’il y est. Ayant décroché en classe de première, il s'est noyé en classe de terminale et à envoyé sa lettre de démission un mois avant le bac. L’année d'après, un service civique réalisé avec Unis Cité l’a aidé à remonter un peu la pente. Mais c’est surtout lorsqu’Anne et son mari se sont lancés sur un projet de rénovation de château en maison d’hôte, qu’il a repris goût au sens de la vie et au travail. Il a participé à aider les ouvriers sur les aménagements extérieurs. Pour Anne, l’apprentissage que propose l’Institut de Tramayes semble correspondre au profil de son fils. Et en effet, après s’être rendus tous les deux aux portes ouvertes de l’organisme en 2023, l’école, tout comme la région et le village, ont plu à Barthélémy. “Bingo !”
Des apprentissages mêlant théorie et pratique
À Tramayes, Solène découvre l’artisanat, elle apprend la métallurgie et la menuiserie. Pendant son année là-bas, elle a même construit un poulailler ! En parallèle, elle étudie des cours théoriques sur l'économie, la sociologie, le monde de demain, tout en apprenant à se confronter à des projets locaux. Solène a aussi découvert la boulangerie et fera un stage dans ce domaine prochainement. Le collectif tient une place centrale dans les enseignements et Emmanuelle sent que sa fille est contente du groupe dans lequel elle évolue. “Ce sont des jeunes aux tempéraments très différents, mais les intéractions dans le groupe sont rendues fluides par les méthodes de travail et de communication”, explique- t-elle.
La vie à Tramayes
À l’Institut, les étudiants sont souvent en colocation, comme Solène, “ce qui donne aussi une idée de la vie en collectivité” se réjouit Emmanuelle. Elle a d’ailleurs été la voir sur place, et a passé 2 jours dans sa colocation. Anne aussi est allée voir son fils 3 semaines, après la rentrée, avec son mari et l’un des frères de Barthélémy. Ils l’ont trouvé “rayonnant !” Son fils, timide d’habitude, est un poisson dans l’eau à Tramayes : “au marché, le marchand de fromage a demandé à Barthélémy ce qu’il avait fait de sa semaine et ce qu’il avait appris de nouveau…Il a récupéré des meubles d’occasion via une association, qui a fait le trajet en voiture pour les lui apporter… Il n’a pas de voiture et fait du stop pour se déplacer. “On sent qu’il y a un esprit de village, où tout le monde s’entraide et que l’Institut en fait partie.” Anne est ravie !
“L'Institut de Tramayes… C’est peut-être une réponse aux problématiques de certains élèves qui ne se reconnaissent pas dans le système.”
Leur regard sur leurs enfants
Pause, road trip, bifurcation… Le parcours de Solène n’a pas l’air d’inquiéter Emmanuelle. Elle est même plutôt sereine et a confiance dans le fait que sa fille trouve son chemin. “Elle se cherche, elle est en transition, et ce qui est important c’est la confiance que je donne à ma fille” dit-elle. Et puis, il faut dire qu’Emmanuelle, elle aussi, a questionné son rapport au travail : elle s'intéresse par exemple à l'Ikigai, cet outil qui permet de se poser des questions pour trouver ce qui te fait vibrer. “J'avais ce questionnement profond sur ma mission de vie. Mes parents me disaient de faire ce qui me plaisait, j’ai fait école de commerce et puis, comme sur des rails, j'ai choisi mes jobs au feeling, à la rencontre.” Anne quant à elle, a été infirmière scolaire pendant 24 ans. Elle remarque que beaucoup de jeunes se posent la question de l’intérêt : “pourquoi on étudie ? Quel est le sens ? À quoi ça sert ?” Ces 7 dernières années à l’école, Anne a pu être témoin au quotidien d’une montée des angoisses de scolarité chez les jeunes. “Au début ça concernait surtout les lycéens, désormais ça concerne aussi les collégiens et ça arrive dans le primaire.” Quand Anne découvre l’Institut de Tramayes, une formation post bac où sont mêlées les pratiques intellectuelles et manuelles, elle se dit que c’est peut-être une réponse aux problématiques de certains élèves, qui ne se reconnaissent pas dans le système. Elle est aussi confrontée à ce mal-être chez elle, car hormis ses élèves, son fils Barthélémy est concerné. Sa curiosité intellectuelle n’est pas satisfaite à l’école.
Le projet professionnel des étudiants
Avant d’intégrer Tramayes et même son école d’infirmière, Solène avait un projet en tête : celui d'accompagner les mamans à la parentalité et au rapport maman/enfants. Pour Emmanuelle, il est possible que sa fille reprenne cette voie après Tramayes et il n’y a pas de doute qu’un tel besoin existe dans les territoires. L'important pour sa fille, c’est qu’elle puisse lier ce qui la fait vibrer à une activité lui permettant de gagner de l'argent pour vivre sobrement. Emmanuelle reprend cette notion de l’Ikigaï : “ce qui me permet de me nourrir, doit nourrir le monde.” Quant à Barthélémy, sa maman pense qu’il souhaite devenir accordeur de piano. Mais elle préfère ne pas trop s’avancer, et surtout interférer dans ses choix. Il verra bien.
La question du diplôme
Anne, au début, était un peu inquiète tout de même, car son fils n’a pas le bac et l’Institut de Tramayes ne délivre pas de diplôme en fin de cursus. Pour elle, il y a encore cette reconnaissance sociétale et financière qui passent par le diplôme, “ce bout de papier”, comme Anne le décrit. Mais voyant l’enthousiasme de son fils, elle ne peut qu’accepter ce choix de parcours. Et puis, les chiens ne font pas des chats, “on est une famille où on crée beaucoup de choses” dit Anne. Elle a en effet dernièrement quitté son emploi dans le milieu scolaire pour travailler sur la rénovation d’un château pour le transformer en maison d’hôtes. Ce qui lui faisait un peu peur aussi, “c’est le côté un peu baba cool de l’école”. Mais en posant ses questions aux portes ouvertes, elle est vite rassurée “On sent que c’est très cadré, notamment sur les finances, la gestion de l’école… C’est un Institut qui se construit sur des bases solides et c’est rassurant.” Concernant le profil des autres étudiants, ils ont un peu le même que celui de Barthélémy “des jeunes qui ont fait des études, mais dans un circuit, et qui se demandent à quoi ça sert. Des jeunes qui décrochent.” Emmanuelle, elle, n’est pas très inquiète pour sa fille “elle a 22 ans et elle aura toute sa vie pour se former. Aujourd'hui elle se forme aux techniques de projets territoriaux. Et à l’Institut de Tramayes, les élèves apprennent à développer des soft skills indispensables dans le milieu professionnel, comme le fonctionnement en collectif, la résolution de conflits ou encore l’intelligence émotionnelle. “
Après des années à travailler en milieu scolaire, pour Anne, “l’école c’est comme le parcours d’un athlète qui s’entraîne pendant des années pour juste gagner une médaille au JO. L’école est un entraînement du cerveau, un cheminement de travail et d’apprentissage. C’est difficile à comprendre pour certains jeunes, car il n’y a rien de concret.” Liant théorie et pratique, compréhension des enjeux du territoires et participation à des projets locaux, l’Institut de Tramayes répond finalement à ces problématiques, en ramenant le concret dans le quotidien de l’enseignement !
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