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Ctrl+Z pour la planète : pourquoi (et comment) réduire notre empreinte numérique

À l’heure où on la lit sur une montre capable de passer un appel à notre mère en même temps, le numérique est partout autour de nous. De nos téléphones et ordinateurs à notre liseuse, nos écouteurs sans fils en passant par les assistants vocaux, ils accompagnent nos quotidiens, de notre vie personnelle à professionnelle.

Tout ce progrès et ce digital, c’est bien beau, mais ça a un coût. Et, spoiler alerte : notre portefeuille n’est pas le seul à prendre une claque quand on change notre téléphone. Non, la planète paye encore plus cher l’addition, et en plus... Elle passe à la caisse chaque jour.

Petit point sur l’impact écologique de notre consommation du numérique, au travail comme à la maison. 

« Je ne crois que ce que je vois » 

Comme St Thomas. On connaît la chanson, mais on ne peut pas vous blâmer : pas de gros nuages noirs ni de déchets à l’horizon, la pollution numérique est invisible, bien que réelle. 

Selon Greenpeace, elle englobe émissions de gaz à effet de serre, pollutions chimiques, épuisement des ressources et déchets électroniques engendrés par le secteur informatique.

En France, l’ADEME et l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse) estiment qu’en 2024, le numérique pèse déjà 4,4 % de l’empreinte carbone nationale. Et avec l’essor des intelligences artificielles comme ChatGPT ou Midjourney, leur consommation électrique pourrait bondir de 75 % d’ici 2026, estime l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Sans action concrète, l’empreinte du numérique pourrait tripler d’ici 2050. Flippant. 

Mais alors, qu’est-ce qui fait que le numérique pollue autant ? 

C’est l’histoire de la vie 

Parmi les plus grands responsables de cette pollution, plusieurs éléments : la fabrication, les data centers, internet et le faible recyclage. Pour mieux comprendre, nous allons retracer la vie de votre cher ordinateur de bureau, qui vous accompagne chaque semaine, du lundi au vendredi, de 9h à 17h (et plus, si affinité). J’espère que vous êtes bien assis, car vous allez découvrir le sombre visage de votre collègue préféré. Trigger warning : il pollue, du premier au dernier jour. Et même après. Sale. 

D’abord, la naissance...  

Le soleil se lève, et comme chaque jour sur la douce planète Terre, cette journée sera marquée par la naissance de centaines de milliers de petits ordinateurs avec de jolis claviers rétroéclairés. Trop mignon. 

Pour venir au monde, ces ordinateurs (tout comme les smartphones, les tablettes et autres terminaux numériques) connaissent des procédés de fabrication extrêmement énergivores, rarement d’origine renouvelable. 

Ces fabrications sont les principales causes de la pollution numérique, car elles passent par l’extraction et le raffinage de matériaux rares (or et lithium, par exemple), dont les limites planétaires sont déjà bien dépassées. 

À cela s’ajoute des traitements chimiques et l’épuisement des réserves d’eau douce et de bois, puis les milliers de kilomètres parcourus par les pièces pour être assemblées, puis vendues. 

Pour vous donner une idée, la fabrication d’un ordinateur de 2 kg, c’est 600 kg de matières premières mobilisées, et 103 kg de CO2 émis. Quand on achète notre ordinateur, la conception représente déjà 47% des émissions de gaz à effet de serre du secteur. 

Bien que la conception des appareils soit l’étape la plus nuisible pour l’environnement, le reste de sa vie n’est pas moins nocif pour la planète. 

... Une vie entièrement connectée... 

De l’ordinateur au smartphone, en passant par l’imprimante du boulot, les appareils sont de plus en plus nombreux à être connectés. Or, ces connexions se font généralement via Internet. Et, devinez quoi ? Internet, c’est pas magique. Loin de là. 

Dans nos têtes, le « réseau », c’est un élément invisible qui tombe du ciel pour nous permettre de regarder la dernière vidéo Youtube. Dans la vraie vie, le réseau, c'est en réalité un gigantesque entrelacement de gros câbles sous-marins, permettant de faire transiter les données. Ça fait tout de suite moins rêver. 

Ces câbles, référencés sur submarinecablemap.com, représentent 28% des gaz à effet de serre émis par notre consommation du numérique, selon l’ADEME.  

... Des souvenirs précieusement conservés dans de bons gros serveurs... 

L’autre grand responsable de la pollution numérique, ce sont les « data centers » (aussi appelés « centre de données »). L’ADEME les définit comme des « installations physiques, des bâtiments destinés à stocker, traiter, et échanger de grandes quantités de données, à travers un réseau principalement composé de serveurs ». Pour faire simple, c’est un gros bâtiment, rempli d’immenses ordinateurs, qui enregistrent, stockent en garde en mémoire nos vidéos en streaming, nos photos sur les réseaux, nos fichiers en ligne, qui font circuler nos mails, etc. 

Après la fabrication des éléments, c’est la deuxième plus grosse source de pollution numérique. 

Ayant besoin d’une constante alimentation en électricité, ils sont très énergivores. Ils consomment 2 % de l’énergie mondiale, et les prévisions estiment qu’ils représenteront jusqu’à 6 % de l’électricité consommée en France d’ici 2050

Selon Data Center Map, il y a 9375 data centers dans le monde, répartis sur 164 pays. Certains de ces pays dépendent fortement des énergies fossiles. En Chine, 73 % de leur électricité vient  du charbon. 

Alors tout ça, concrètement, dans la vraie vie, ça donne quoi ? 

Prenons l’exemple des e-mails, éléments que tout le monde, même dans le plus manuel des métiers, doit utiliser au moins de temps en temps.
Quand on envoie un mail, il transite par plusieurs data centers avant d’arriver au destinataire, et contribue donc à la dépense énergétique de ces derniers.

Ensuite, il est conservé dans un serveur cloud, qui consomme plus d’énergie pour être refroidis en permanence. Plus l’e-mail est lourd, plus il prend d’espace et d’énergie.

Enfin, l’affichage ou la réouverture du mail implique l’utilisation d’un réseau internet (les fameux câbles) et consomme à nouveau de l’énergie.

Un mail sans pièce jointe représente 4 grammes d’équivalent CO2, et il peut aller jusqu’à 50 grammes équivalent CO2 s’il contient plusieurs pièces jointes. Ça parait peu, mais quand on garde en tête que 10 à 12 milliards de mails sont échangés toutes les heures, d’un coup, on comprend bien plus l’impact de nos échanges numériques sur l’environnement. 

Dans la même lignée de nos usages quotidiens, une recherche internet équivaut à 7 grammes de CO2, une visioconférence à 2 pendant 3 heures, c’est 47,7 g de CO2, et une heure de streaming vidéo, c’est 31,7 g de CO2. Si chaque gramme de CO2 émis était un centime dépensé, on y réfléchirait peut-être à deux fois avant de cliquer. 

... et enfin, la fin. RIP. 

Quand notre ordinateur rend l'âme, ça fait mail. Mais c'est encore pire quand on réalise que le recyclage des appareils numériques est loin d’être efficace.
Selon l’ADEME, en 2022, 62 millions de tonnes de e-déchets ont été produites dans le monde, soit 7,8 kg par personne. Pour visualiser, ça ferait 1,55 million de poids lourds, suffisant à entourer la Terre.
Sur ce tour du monde des e-déchets, seulement 22 % ont été correctement recyclés. Le reste, soit 78 %, est soit brûlé, soit abandonné dans la nature. Quand la pollution numérique devient pour la première fois totalement visible. 


Alors, on fait quoi ? 

Se séparer complètement du numérique ? Non, ce n’est ni le but, ni réalisable à une heure où il est devenu notre principal collègue de travail. En revanche, agir en faveur de la sobriété numérique est devenu une nécessité. Et pour ça, chacun à notre échelle, on peut essayer petit à petit de pencher vers une utilisation plus raisonnée ! 

Pour les entreprises, on commence par un bilan carbone pour identifier les leviers d’amélioration, puis on réduit la consommation d’énergie, on privilégie le Wi-Fi, on choisit des appareils écoresponsables et on forme aux écogestes.

Dans nos vies personnelles, on garde son téléphone jusqu’à sa fin, on choisit du reconditionné, on vide sa boîte mail et on préfère les appels classiques.  La liste des tout petits riens pour un grand mieux est longue. Alors, on commence ? 


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