Paolo, un écologue aux îles Crozet
Je m'appelle Paolo, j’ai 24 ans, et en ce moment, je vis une aventure un peu hors du commun : je suis en mission scientifique pour 14 mois sur les îles Crozet, au cœur des Terres Australes et Antarctiques Françaises. Autant dire que j’ai plus souvent des manchots que des voitures autour de moi.
Travailler dans l’environnement, c’est ce qui donne du sens à ma vie.
Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été émerveillé par la beauté, la diversité et l’équilibre du monde qui nous entoure. En grandissant, j’ai pris conscience de la fragilité de l’environnement face à l’humain et de la nécessité pour nous tous de le préserver. C’est cette conviction qui m’a poussé à suivre un parcours scientifique, jusqu’à devenir naturaliste et écologue. Pour moi, travailler dans l’environnement, c’est ce qui donne du sens à ma vie. Je ne pourrais pas imaginer faire autre chose.
Aujourd’hui, je suis biologiste dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises. Mon travail consiste à étudier les oiseaux et les mammifères marins, à mieux comprendre leurs comportements, leurs déplacements, leurs interactions. Je trouve qu’œuvrer à la connaissance du monde qui nous entoure et au partage de cette connaissance est à la fois concret et valorisant. C’est la voie que j’ai trouvée pour participer à mon échelle et par mon travail à un avenir plus désirable.
Quand tu étais petit, tu rêvais de faire quoi comme métier ?
Aventurier. Je n’étais pas très studieux à l’école mais j’adorais apprendre et je passais tout mon temps dehors. Quand je vois où j’en suis rendu aujourd’hui, je me dis que mon job m’a permis d’une certaine manière d’accomplir mon rêve en respectant mes valeurs !
Si ton parcours pro était un film, ce serait quoi le titre ?
Naturaliste, une mission : compter les piafs et les papillons !
Tu bosses dans quoi, selon ta grand-mère ?
L’étude des oiseaux (je n’ai pas cherché à lui expliquer que j’étudie les relations entre variabilité environnementale, effort de reproduction et dynamique des populations de prédateurs marins) !

Tu as déjà eu un déclic qui a changé ta vision du travail ?
Quand j’ai réalisé un apprentissage en licence pro naturaliste avec l’Office Français de la Biodiversité. Pour la première fois, j’étais bien payé pour apprendre à mieux étudier, protéger et sensibiliser à la protection de la nature. C’est ce job qui m’a confirmé que je pouvais gagner ma vie en accord avec mes valeurs !
Tu as déjà eu un job qui t’a retourné le cerveau ?
Le travail que j’effectue aujourd’hui est assez dingue. Je suis parti 14 mois pour vivre sur une base scientifique d’une île perdue de l’Océan Indien et y étudier des espèces dont je rêvais auparavant ! Nous vivons en petite communauté, dans un des territoires les plus sauvages et les plus isolés de la planète, au contact de la faune et des éléments. Parfois, je m’assieds sur la plage au milieu de milliers de Manchots et je peine à réaliser que je suis là. Je bosse sur des espèces menacées, qu’on ne trouve quasiment nulle part ailleurs sur Terre et qui ne survivront peut-être pas à la fin du siècle. C’est une vie qui ne conviendrait pas à tout le monde, mais c’est une expérience vraiment incroyable à mes yeux.
Qu’est-ce qui t’anime au quotidien dans ton boulot ? Et qu’est-ce qui t’épuise parfois ?
Le fait d’avoir un métier passion est très stimulant pour moi et source d'épanouissement. Mais ce qui me porte avant tout, c’est la certitude que mon travail sert à la connaissance et à la préservation de la biodiversité.
Ce qui est plus dur, c’est d’être en première ligne pour constater l’impact de l’humain sur la nature. Je me sens souvent impuissant face à la crise écologique actuelle, alors que j’en constate les dégâts chaque jour à travers mon travail. Il y a aussi la charge de travail (faute d’effectifs et de moyens) qui est parfois très importante.

Qu’est-ce que les gens ne devineraient jamais en te regardant bosser ?
Que je suis payé pour faire ça, je suppose. Je pense que la plupart des gens qui croisent un type qui se balade en comptant les oiseaux ou en attrapant les papillons ne se représentent pas le travail studieux et scientifique d’un écologue. En vérité, un écologue n’est pas là uniquement pour protéger la biodiversité, mais aussi pour analyser, anticiper et proposer des solutions adaptées pour mieux faire cohabiter l’humain avec le reste du vivant.
Le meilleur et le pire conseil pro qu’on t’ait donné ?
Le meilleur : faire un BTS en Gestion et Protection de la Nature (meilleure rampe de lancement pour bosser sur le terrain, apprendre des méthodes de gestion durables et développer des techniques de sensibilisation et de concertation).
Le pire : ça ne va pas être facile de trouver du travail et de gagner ta vie dans l’environnement (en gros, fais un vrai travail, qui rapporte). Je pense qu’il est temps d’arrêter de véhiculer ce discours, qui oppose inutilement carrière et engagement.
Une formation que tu aurais aimé faire ou que tu as faite ?
J’ai suivi une formation sur le pistage d’ours, lorsque je bossais à l’Office Français de la Biodiversité dans une réserve naturelle en Ariège. Avec le boulot sur le terrain, je tombais parfois sur la piste du plantigrade et c’était super pratique de savoir relever les empreintes convenablement. En s’y prenant bien, on peut identifier n’importe lequel de nos ours pyrénéens grâce à ses traces ! C’est très utile pour surveiller les populations de cet animal rare et protégé en France, et j’ai adoré apprendre à mieux le connaître !
Comment Jobs that makesense a croisé ta route ?
Grâce à ma sœur qui est designer graphique. Elle finissait son école de design et voulait trouver une alternance qui ait du sens pour elle. Sarah se sentait assez isolée car le discours de son école auprès des étudiants était vraiment de décrocher une alternance « coûte que coûte » : vous trouverez un job qui vous parle plus tard, ce n’est pas le plus important quand on est jeune. Elle a fini par découvrir Jobs that makesense, et c’est comme ça qu’elle a signé son alternance dans l’ESS. Aujourd’hui, j’utilise moi aussi Jobs that makesense, qui est assez exceptionnel comme site et tellement utile !
Une structure à impact que tu suis / admires particulièrement ?
La Ligue pour la Protection des Oiseaux : une super asso de protection de la nature agissant par la connaissance et la protection des espèces, la sensibilisation et l’accompagnement. C’est avec cette structure que j’ai fait mes premières sorties naturalistes auprès de vrais ornithologues (pour aller voir des Faucon pèlerins et des Hiboux grand-ducs en Dordogne). Ils m’ont donné beaucoup d’inspiration et d’excellent conseils pour me lancer professionnellement.
Découvre les offres d'emploi de la LPO
La Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) recrute dans ses différentes antennes à travers la France. 👉 Voir les offres d'emploi
