Le jour où j'ai démissionné
J’ai démissionné pour voyager.
« Tu es rentière? » « Non, aventurière je préfère! »
Un 4 juin à Paris. Retour au bureau après une semaine de vacances à (apprendre à) surfer aux îles canaries.
10h35, j’envoie un whatsapp à une collègue de travail pour lui dire que ca ne va pas (plus). J’aime ma boite et l’écosystème vibrant dans lequel je tourbillonne… j’aime presque ma routine mais je ne m’épanouis plus. Je me sens même régresser et non stimulée. Cela ne me CONTENTE plus !
11h05, elle me réponds de prendre aucune décision aléatoirement et sans un minimum de réflexion. « Ne démissionne pas Claudia, prends la semaine pour « t’acclimater » de ton retour de vacs et tu verras ». « Merci M. tu as été mon déclencheur! ».
11h16, je me lève de mon bureau, me dirige d’un pas décidé vers l’assistante de mon +2, le DirCom de ma boite. RDV pris le lendemain à 9h45. « Il t’accordera 10minutes, ok avec cela? » « Oui! ».
9h45, le lendemain, ma démission est officiellement annoncée à mon boss.
S’en suit une annonce à mon +1, puis lettre reco au DRH. Une tentative de rupture conditionnelle ou une demande de formation pour reconversion est bien évidemment entreprise. Résultat nul. « Tu souhaites partir, tu pars. » « Ok, fair enough ».
Et la suite : paumée ou libérée ?
Après 5 ans de bons et loyaux services, je me rends bien compte qu’on reste des numéros et que ma démission est une aubaine pour maintenir les bons chiffres de turnover de la boite qui doit afficher un 2-3%, montrant sa « bonne santé ».
Ok mais ma santé à moi dans tout cela ?
Elle se porte bien justement. Et cette décision, pour être honnête, n’est pas arrivée alors que j’étais en train de lutter tant bien que mal la semaine d’avant à monter sur mon surf alors que la vague ne devait pas atteindre les 50cm !
C’est une décision réfléchie mais qui reste effrayante.
Effrayante ? Oui, car certaines personnes agissent d’une manière que d’autres qualifieraient de coups de tête. Donc lorsque l’on cherche du « réconfort », à être rassurée dans sa « future mais pas si loin » annonce, vous serez toujours entouré(e) d’amis, de collègues qui vont tenter de vous décourager.
Ceci n’est pas à percevoir comme de la méchanceté ni un frein à vos (folles) envies, mais simplement comme une projection de leurs émotions. Ma collègue devenue amie, a tenté de me décourager car elle n’aurait pas eu « les trips ni le courage » de prendre une telle décision.
Décision réfléchie ou coup de folie ?
J’ai arrêté de me voiler la face et j’avoue librement que cela fait un an que l’idée cogite dans un coin de ma tête. Mais le constat est assez incisif : As-tu eu le temps de regarder les annonces ? non. As-tu eu le temps de faire marcher ton réseau? non.
Ayant une nature « passionnée » et entière, je me suis toujours impliquée à 200% et mes décisions sont tranchées et sans retour. J’ai besoin d’aimer et de tout donner dans mon travail et d’avoir un boss inspirant, tu sais, le fameux qui te fait te pousser des ailes sur tous tes projets.
Vient un jour, un matin, une fin de PM, où tu te demandes si tu es « utile », si tu trouves toujours du plaisir, si tu ne serais pas arrivée au bout de ce que tu peux délivrer. Est-ce que ce job me fait vibrer et m’épanouir?
La réponse était connue d’avance mais lorsque que l’on s’aventure à en parler autour de soi, arrivent les fameuses « Mais tu veux faire quoi? » « Tu as cherché ailleurs? » « C’est pas facile en ce moment! » …
Certains diront que tu es fou, d’autres (tes parents, avouons-le) seront épuisés par ce genre de comportement mais tu ne veux plus faire semblant. Tu as besoin de te sentir vivant(e). Alors, non, je ne suis pas rentière, je n’ai pas touché d’héritage et encore moins devenue millionaire de jeux à gratter, mais je suis courageuse, aventurière et ai conscience que « time flies ».
Alors Heureuse ?
La première réaction se fait sentir.
Des bouquins de développement personnel prennent place au pied de mon lit, Anthony Robbins* devient mon mentor spirituel, je m’abonne aux comptes insta « de phrases inspirantes » à la Foundr, Befitquotation, et d’entrepreneurs à succès.
Entre 2 chansons des derniers Orelsan ou dj Snake, j’écoute à fond les podcasts de coaching américain, dont Brooke Castillo* qui m’aidera à assumer mes choix grâce à une overdose de ses 295 épisodes « Overcoming fear » « How to set priorities » « How to feel » …
Et puis, un matin, tout devient réalité, les apps LeBoncoin, Geev prennent place sur mon smartphone, je vends mes fringues, signe ma cessation de bail, et me mets à rêver ….d’écrire, de faire du bénévolat, de réapprendre l’harmonica.
Ce minuscule petit pécule présent sur mon compte épargne rapportant 1,3% d’intérêts imposables par an qui dormait sagement pour me donner cette fausse impression, ce faux espoir qu’un jour je serai propriétaire d’un 17m² parisien va ENFIN servir pour acheter les briques qui faconnent mon bien être mental.
Je n’incite pas à la démission « sauvage », à tout plaquer du jour au lendemain. C’est un acte douloureux que de vendre tous ses biens, sa décoration, ce “matériel” qui a gravité autour de moi pendant ces 5 années à Paris, résilier toute la paperasse administrative. C’est angoissant que de se dire que tu n’as pas de plans professionnels « derrière ».
Voyez ceci comme un témoignage.
À partir du moment où tu as cette petite voix en toi, écoute-la. Et parfois même, fais-lui confiance !
*Anthony Robbins, américain, life coach, philanthrope, auteur de 6 livres à succès
*Brooke Castillo, co-fondatrice et CEO de l’école online Life coach school