Se former aux enjeux RSE dans le secteur de la mode et du luxe.
Entre ses émissions de C02, sa consommation en eau et les micro-plastiques qu’il propage dans l’environnement, le secteur de la mode est l’un des plus polluants. La mode, le luxe… Sont-ils d’ailleurs des secteurs nécessaires à la transition écologique et sociale ? Pour Céline Dassonville, oui. C’est en transformant de l’intérieur ces secteurs vecteurs de symboles forts et d’imaginaires désirables, qu’un maximum de personnes pourront être sensibilisées aux enjeux environnementaux. Comment ? En formant les professionnels du secteur aux enjeux RSE via Ethiwork, fondée en 2018. Pour y arriver, elle s'appuie sur le collectif, accompagnée de deux collaboratrices passionnées par ces sujets et entourée d’une multitude de partenaires stratégiques. Les secteurs de la mode et du luxe ont un rôle à jouer dans la transition sociétale. Céline et Salomé nous en parlent.
D’où t’es venue l’idée de fonder Ethiwork Céline ?
J’ai un parcours de 18 ans en agence de communication où j’ai travaillé sur les stratégies de prise de parole des marques. C’est en 2016 que nous avons commencé à voir monter les sujets de contributions environnementales, économiques, sociales, et donc à travailler dessus. Quand j’ai eu cette envie d’intégrer à la conduite des business, la notion de justice environnementale et sociale, j’ai eu l' opportunité de travailler sur un poste chez Cartier au même moment. Je trouvais intéressant de travailler pour une marque qui a un rayonnement sur ce qu’on considère être désirable. Le domaine du luxe, c’est le domaine du rêve : si le produit fait rêver et à une forme d’intégrité dans sa relation à l’environnement et à l’humain, alors, on peut changer les imaginaires et engendrer des changements systémiques. Au premier abord, on peut se dire que la mode et le luxe sont futiles, pas indispensables. Mais, si on regarde les chaînes de production de ces secteurs, ils sont à même de réconcilier de grandes fractures, car ils reposent sur de l’agriculture et de l’élevage intensif et de l’activité minière, pour le secteur de l’horlogerie par exemple. Nous sommes sur les plus gros scandales de déforestation et de pollution. Ce secteur, transformé, peut donc être l’un des plus puissants.
Comment a évolué Ethiwork ?
Nous avons commencé par des missions de conseil en 2018 et récemment nous avons lancé des programmes de formation pour accompagner des publics déjà experts dans leur métier dans la mode et le luxe, à se reconnecter à l’emploi via la dimension RSE. Salomé est arrivée il y a 1 an pour développer les formations et porter Ethiwork sur le volet “éducation”, qu’on aimerait développer à grande échelle.
À qui s’adressent vos formations et quelles sont-elles ?
Concernant les cibles, on peut s’adresser à des personnes ayant envie de créer leur marque, qui travaillent déjà en entreprise, des communicants, ou des personnes souhaitant améliorer leur employabilité sur les secteurs de la mode et du luxe. Quant aux formations qu’elles vont suivre, tout dépend du bagage professionnel et de l’envie de la personne. Nous formons aux enjeux environnementaux dans la mode et le luxe, à la circularité, au sourcing de matières premières responsables, à la construction de business model à impact, à la gouvernance et à la communication responsable.
La spécificité de toutes nos formations est de former pour ne pas laisser les personnes dans la dépendance. En effet, tous nos cours s’appliquent à permettre à chacun ayant fait la formation, d’accéder à des ressources pour continuer d’enrichir ses connaissances. Notre ressource principale est une librairie en accès open source, qui recense au niveau international, l’ensemble des rapports, podcasts qui vont traiter des sujets comme : l’économie circulaire, la problématique du coton, des biomatériaux, de la seconde main… Nous mettons aussi à jour et en accès libre, une librairie de solutions.
En quoi le partenariat est votre force chez Ethiwork ?
Nous sommes 3 pour l’instant au sein d’Ethiwrok et nous ne voulons pas créer un gros cabinet, mais plutôt une communauté avec des porteurs de solutions qui vont nous aider à créer et enrichir nos contenus via leurs expertises. On souhaite plutôt grossir sur une logique de partenariats avec une équipe freelance construite sur mesure par rapport à la problématique de nos clients.
Nous faisons ensuite partie de plusieurs réseaux : nous avons cofondé la Fédération de la Mode Circulaire, ce qui nous place au cœur des échanges et des débats. Nous sommes aussi à la Caserne, le premier incubateur dédié aux entreprises de la mode durable et circulaire qui fédère un certain nombre de jeunes marques et de prestataires de services. Nous, Ethiwork, nous faisons partie des prestataires de services qui gravitent autour de ces entreprises incubées et les accompagnons sur des sujets d’expertise. Le fait que nous soyons tous des acteurs de la mode durable au même endroit crée des ponts et des liens qui permettent de s’enrichir les uns et les autres.
Salomé, toi tu es arrivée il y a 1 an chez Ethiwork, quel est ton parcours ?
Je suis venue à la mode par les océans. Je fais partie de l’association Wings of The Ocean, qui protège les océans et j’ai donc pu constater les pollutions causées par les microplastiques présents dans les vêtements. J’ai eu envie d’agir via la mode, le secteur à l’origine de ces pollutions. Avec Ethiwork, notre mission est de faire monter en connaissances et compétences les acteurs de la mode et du luxe sur les sujets RSE.
Où ont lieu les formations ?
À la Caserne ou dans des salles qui appartiennent à des partenaires du réseau de la mode.
Qui vient vers vous pour l’instant et quels sont leurs enjeux ?
Les entreprises principalement, pour former leurs collaborateurs. Les enjeux des RH et responsables RSE de ces groupes sont : où est-ce qu’on commence et comment on s’y prend ?