Intégrer la RSE à son futur métier de manager, avec la Regen School
Très jeune, Marie-Sarah Mailliard est touchée par l’écologie via l’actualité. Pour elle, l’écologie passait d’abord par des actions à mener dans sa vie personnelle, jusqu’à ce qu’elle réalise que ça puisse passer, aussi, par sa vie professionnelle. Elle revient sur son parcours et celui d’Arthur, son associé, avec qui elle a fondé la Regen School, pour former les managers de demain aux enjeux de la transition écologique.
Marie-Sarah Mailliard - Co-Fondatrice de la Regen School
Le parcours professionnel de Marie-Sarah.
"Après Sciences Po Paris, j’ai commencé à travailler dans le secteur privé, dans un cabinet de conseil en stratégie, sur les infrastructures de télécommunication. J’avais notamment pour mission de comprendre l’impact environnemental des réseaux de fibre optique et des antennes 5G. La RSE est toujours un sujet annexe aux projets, ce n’était pas mon métier, mais j’ai commencé à m’y intéresser via ce prisme.
Puis, j’ai eu envie de creuser davantage ces sujets et de continuer d'approfondir cette expertise. J’ai donc rejoint le fonds Tikehau Capital, précurseur dans le lancement d'une stratégie d'investissement sur la décarbonation en 2018. Son but était d’investir dans 3 grands thèmes : la mobilité bas carbone, la décarbonation des bâtiments et les nouvelles énergies.
La dernière année, j’ai travaillé avec Arthur sur la nomenclature d’impact de notre dernier fonds, qui n’était pas encore orienté transition écologique. Chaque investissement du fonds devait poursuivre un but extra-financier et nous investissions dans des boîtes qui avaient déjà 15 ans d’existence. Notre mission a ensuite évolué vers la transmission de cette nomenclature aux investisseurs dans différents pays. C’est là que nous avons fait face à de nombreux blocages et allers-retours pour aller chercher les informations et convaincre d’adopter les changements. Parmi les objections auxquelles nous faisions face, nous avons par exemple eu : “si vous nous dites que l’un des objectifs d’investissement est l’accès à l’emploi, nous pouvons donc investir dans Uber, qui crée de l’emploi.” Il nous fallait des réponses claires à apporter dans ce cas, que nous allions chercher dans des textes européens ou via des sources sûres. Pour cet exemple, des sociologues montraient que ces métiers maintenaient des personnes dans la précarité. Une fois que nous avions apporté cette information aux investisseurs, elle passait.
Il y avait donc un large sujet de formation, de recherche d’informations et d’adaptation à différentes manières de penser. Puis, Il fallait qu’on recrute pour ce nouveau fonds et nous nous sommes dit qu’il allait falloir 1 an pour reformer des personnes comme on venait de le faire. C’était infini. Avec Arthur, nous nous sommes demandés : “Que font nos écoles de commerce pour former leurs étudiants à cet enjeu de RSE ?”
Arthur Samuel - Co-Fondateur de la Regen School
L’initiation de la Regen School
Nous avions aussi remarqué une séparation dans les entreprises entre les équipes RSE et les équipes métiers. Il n’y a pas dans les directions marketing, achat, finance ou stratégie cette notion de transformation qui apparait. Souvent, les professionnels de la RSE sont des personnes ensevelies sous les reportings et elles ne font pas partie du Comité de Direction. Partant du besoin de formations pour notre fonds et du constat de ce détachement de la RSE en entreprise, nous nous sommes rapprochés de l’équipe du Shift Project, qui finalisait le rapport Climat Sup sur l'enseignement supérieur en gestion et en management.
Nous nous sommes rendus compte qu’il y avait de gros blocages dans l’enseignement supérieur pour que les changements soient radicaux. Changer des cours qui étaient là depuis des années était très compliqué. Les publications sur certains sujets, permettent aussi de maintenir les classements des écoles, et les sujets visant à challenger des modèles économiques traditionnels ne sont pas les plus valorisés.
Nous avons aussi beaucoup regardé ce que faisait la convention des entreprises pour le climat, qui a réuni plus de 200 dirigeants pour réfléchir à leur stratégie d’adaptation, pivot par rapport à des enjeux planétaires. En demandant aux entreprises ce qui était important pour elles en termes de compétences des candidats pour mener cette transition, elles nous ont répondu : la maturité, l’adaptabilité et la capacité à prendre des initiatives. Les recruteurs ont besoin d’intra-activistes pour mener des changements en interne. La capacité à s’exprimer et à convaincre sont d’énormes clés de succès.
C’est de tous ces constats que nous avons eu l’idée de fonder une nouvelle école focalisée sur ces sujets de transition, d’adaptation et de régénération. Pourquoi une école ? Car c’est un écosystème dans lequel on peut réunir un think thank, des professionnels, des scientifiques, des dirigeants d’entreprises, des étudiants…
Nous l’avons lancé en février 2023.
Le lieu de l’école, un endroit stratégique.
Nous avons la chance d’avoir trouvé un lieu en lien avec les valeurs de l’école. Nous sommes implantés à la caserne, un accélérateur de mode responsable et d’économie circulaire. Il accueille les entreprises qui veulent s’engager dans la circularité. Pour nous, c’est l’endroit idéal, car il nous permet d’avoir un écosystème d’entreprises sur place avec lesquels faire des ponts pour nos étudiants. Il y a un restaurant végétarien, beaucoup d’événements sur l’économie de demain. Il est au cœur de Paris, dans le 10ème arrondissement.
Quand est-ce que les cours commencent ?
L’idée est de commencer avec 25 étudiants, que la formation soit professionnalisante et que les compétences des étudiants correspondent au cahier des charges des besoins des entreprises pour faire bouger les choses en interne. On fonctionne avec plus de 50 entreprises partenaires, des pure players de l’impact comme Makesense ou des entreprises en transition.
L’inclusivité, comme priorité à la Regen School
Il nous tenait à cœur avec Arthur que l’école soit inclusive. Pour ça, nous allons nous y prendre de plusieurs manières : proposer le parcours en alternance, pour avoir une école gratuite pour l’étudiant et avoir une diversité de parcours dans les profils d’étudiants sélectionnés.
Quelles sont les particularités du programme ?
Le programme est pluridisciplinaire, avec de la science, de la géopolitique, des expéditions sur terrain. 50% du programme porte sur 4 métiers : la stratégie, le marketing, les achats et la finance. Dans chaque cours, nous adaptons le contenu au référentiel des limites planétaires.
25% du programme va concerner l’art oratoire, la capacité de convaincre. Il y aura aussi des cours sur le secteur culturel pour comprendre le rôle des médias, des artistes, du divertissement dans nos imaginaires. Amélie Deloche par exemple, qui a créé une agence pour sensibiliser les influenceurs à la transition écologique, sera l’une des professeurs de la Regen School.
La cohésion à la Regen School
Même la façon dont les professeurs vont interagir entre eux sera différente avec des événements organisés spécialement pour eux et des rencontres avec les élèves pour favoriser les discussions inter-générationnelles.
Quels sont les profils des étudiants de la future promo ?
Cette année, nous voulions une cohérence d’âge dans la promo et nous avons des profils en L3 ou en M1, qui veulent apporter un complément à leur formation. Certains sont déjà très engagés et cherchent une formation professionnalisante, d’autres ne sont pas experts mais pensent qu’il faut qu’ils se forment sur ces sujets. L’année prochaine, il y aura aussi des programmes adaptés aux personnes en reconversion.
Quelle est l’ambition du projet ?
Créer une institution académique reconnue sur ces sujets, avoir un rayonnement international, avoir un lieu de savoir et de recherche sur les sujets de transition et de régénération. On a aussi vocation à être un lieu de débat et de discussion sur des sujets d'actualités. Les cours seront très participatifs, avec peu de pédagogie descendante pour faciliter les échanges.
Pour passer à l'action
Voici la formation de la Regen School