Burn-out, bore-out, brown-out… Les 3 font partie des troubles psychosociaux professionnels. Selon une étude menée par l'organisme de formation Chance, pour 62% des Français interrogés, leur travail « manque de sens ». Ils vivent le brown-out. Qu’est ce que c’est concrètement ? Comment s’en protéger et que faut-il faire pour en sortir ? On t’en parle ici.
Le brown-out, qu’est ce que c’est ?
Le terme brown-out, c’est le Docteur François Baumann qui l’a popularisé en 2018, à la sortie de son livre : brown-out, quand le travail n’a plus aucun sens. À l’époque, il écrit que 54% des salariés en souffrent en France. Mais qu’est ce que c’est au juste ?
Le brown-out touche à la santé mentale au travail. Lié à un manque de sens, il peut conduire à un épuisement progressif qui peut déboucher sur une usure psychologique. Exercer un job où l’on ne se sent pas utile, peut par exemple créer ce mal-être. C’est ce que l’anthropologue américain David Graeber nomme, dans un article qui a fait couler beaucoup d'encre : “les bullshit jobs”. Le mal-être peut aussi naître lorsqu’il y a une dissonance entre les valeurs de l’entreprise et celles du salarié : le travail peut perdre tout son sens s' il y a un fossé entre ses valeurs et les actions qui doivent être réalisées dans le cadre du travail. Bien que le sens que l’on trouve dans son emploi viennent de facteurs très personnels, les causes qui engendrent cette souffrance au travail sont claires.
Les causes professionnelles du brown-out
Des tâches qui te donnent l’impression d’être inutile ou d’étouffer ton potentiel
Quand les tâches sont répétitives, non stimulantes et dévalorisantes ou lorsqu’elles sont superficielles et que tu ne peux pas voir les résultats concrets de ton action, un sentiment d’inutilité peut naître et dégrader ta santé au travail.
Un fossé entre tes valeurs et celle de l’entreprise
Si tu réalises des tâches qui vont à l’encontre de ce qui est important émotionnellement pour toi.
=> Par exemple : si tu travailles sur un projet qui n'intègre pas les enjeux environnementaux alors que tu mènes des actions dans ce sens dans ta vie personnelle.
Une surcharge de travail
Une importante charge de travail, des exigences excessives peuvent aussi mener à une perte de sens dans le rôle que tu tiens. Non seulement elle crée une fatigue émotionnelle et physique mais elle peut aussi nuire à la qualité de ton travail, ce qui peut te démotiver.
=> Par exemple, comme les soignants, les travailleurs sociaux, dont l’investissement émotionnel est fort, sont concernés. Surchargée de travail, la profession est touchée par un sentiment général de déshumanisation. Ce travail excessif fait perdre son sens à l’objectif premier du métier : prendre soin des personnes.
Les symptômes du brown-out
Lorsque cette maladie professionnelle s’installe, tu peux ressentir :
- Une surcharge émotionnelle
- Du stress au travail
- De l’anxiété
- Une somatisation en maladie
- Un syndrome d’épuisement
- Des sentiments dépressifs
Si ton état de souffrance est de l’ordre de l’épuisement professionnel ou de la dépression, il vaut mieux demander de l’aide à un professionnel ( médecin traitant, médecine du travail, psychologue) pour entamer une prise en charge psychosociale et/ou obtenir un arrêt de travail.
Comment se protéger du brown-out ?
Côté employeur
Attention, les maladies professionnelles comme le burnout et le brownout peuvent être considérées comme des formes de harcèlement moral par la justice. Pour éviter d’en arriver là et prévenir les possibles accidents du travail, voici quelques recommandations.
Etre à l’écoute des besoins
Comme pour tout, la communication est clé, surtout pour assurer la qualité de vie au travail. Ecoutez vos collaborateurs qui manquent de motivation ou mettez en place une culture qui favorise l’échange entre manager(s) et collaborateurs afin de prévenir la souffrance et limiter les risques professionnels.
Créer une culture commune
Un manque de sens peut aussi venir d’un décalage entre les valeurs de l’entreprise et celles de l’employé. Pour prévenir cette situation, il vaut mieux bien communiquer sur vos valeurs lors des entretiens d’embauche et assurer une cohérence entre celles-ci et votre stratégie d’entreprise. Lors de changements ou de refonte d’entreprise, réunir tous les salariés pour (re)définir les valeurs est aussi un bon moyen de prévenir le brown-out lié à ce décalage.
Expliquer la finalité d’un projet
Donner du sens aux projets en expliquant pourquoi ils ont été choisis et quelles sont leurs finalités afin que chaque collaborateur puisse comprendre le rôle qu’il joue dans sa concrétisation. Des projets compris et jugés légitimes par les collaborateurs n’en seront que plus motivants.
Apporter de la reconnaissance
La reconnaissance est toujours appréciable pour vos collaborateurs car elle récompense les efforts fournis dans le cadre d’un projet et donne un sentiment d’accomplissement qui contribue à leur motivation et à leur engagement.
Mettre en place un management participatif
La culture horizontale favorise aussi un climat d’échange et une meilleure compréhension des enjeux de l’entreprise. Chacun participe aux prises de décisions et se sent ainsi légitime d’exprimer ce qui lui convient ou ne lui convient pas dans son travail.
Côté employé
En tant que collaborateur, tu peux aussi te protéger de ce risque émotionnel et lutter contre l’épuisement en adoptant certaines habitudes.
Faire régulièrement le point
Se poser régulièrement pour faire le bilan sur son travail permet de prendre le poul de sa situation professionnelle. Suis-je heureux dans mon travail ? Qu’est ce qui ne me convient pas ? Pourquoi ? Est-ce lié aux tâches que j’accomplis ? A mon milieu professionnel ? Aux valeurs de l’entreprise ? Qu’est ce que je peux faire pour changer ma situation ?
Communiquer souvent avec votre manager
N’attends pas d’être dans une entreprise libérée ou d’avoir un supérieur hiérarchique communicant et super disponible pour parler. Sens-toi légitime de régulièrement communiquer sur tes besoins avec tes managers ou ton employeur afin que des ajustements soient mis en place pour ton bien-être au travail. En parler permettra non seulement de créer une relation de confiance avec ces derniers mais ça les aidera aussi à mieux identifier les tâches que tu aimes et qu'ils peuvent te transmettre à l’avenir, quitte à peut-être adapter ton poste.
Gérer son stress
Parfois on se crée du stress soi-même, ce qui peut être une souffrance au quotidien. Un surplus de stress peut être en effet à l’origine de la surcharge mentale ou émotionnelle qui donne l’impression de ne pas pouvoir gérer ses missions. Prends le temps de faire des pauses, de respirer, de te détendre, surtout lorsque tu te sens stressé.e. Et peut-être, si tu t’en sens capable, tente de détecter tes premiers indicateurs de stress pour travailler sur les causes.
Comment se sortir du brown-out ?
Identifier les causes du brown-out
Si tu ressens un manque de sens dans ton travail, essayes de comprendre les raisons. Est-ce que tu n’es pas aligné.e avec les valeurs de l’entreprise ? Est-ce que se sont tes tâches quotidiennes qui ne te motivent plus ? Pourquoi ?
Comprendre ce dont on a besoin
En comprenant ce qui te déplaît ou te manque aujourd’hui dans ton travail, tente de comprendre tes besoins. Est-ce que tu souhaites ne plus exercer certaines tâches ? Qu’est ce qui te motive et donne du sens à ton travail ? Qu’est ce qui te manque dans ton quotidien ?
Parler à son employeur
Une fois que tu as identifié les causes de ton mal être et tes besoins, il sera plus facile d’en parler à ton employeur. N’attends pas l’entretien annuel pour aborder le sujet. Mieux vaut prévenir que guérir comme on dit ! Demande à ton manager, au RH ou à ton employeur un échange en face à face pour aborder ton manque de motivation, ses causes, et tes besoins.
Envisager la reconversion
Si, après avoir essayé de trouver ton bonheur en restant dans ton entreprise, tu n’y es pas parvenu, peut-être que la reconversion dans un métier porteur de sens pour toi ou dans une entreprise plus alignée avec tes valeurs est la solution ? “T’as pas le choix, tu n’as qu’une vie, il faut y aller ! ”, comme dirait Chloé, qui par manque de sens et d’impact positif dans son métier, à changé de voie.
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