Apprendre à s’engager dans la transition écologique avec la Fabrique des Possibles.
Entreprises, associations, collectivités, personnes non sensibilisées aux enjeux écologiques, en quête de connaissances sur ces sujets, engagées ou militantes, Adrien Conty s’adresse à tout le monde via la Fabrique des Possibles. Les enjeux actuels liés à la transition étant l’affaire de tous et à traiter de manière collective, être ouvert était important pour lui. À Montpellier, dans un Tiers Lieu appelé “The Island”, Adrien a créé avec deux collaborateurs la Fabrique des Possibles, un centre de formation et d’accompagnement autour de la transformation des organisations et des individus, pour tendre vers des prises de consciences et impulser le passage à l’action. L’objectif ? Le changement de nos modes de vie, de notre rapport aux autres et à l'écosystème dans lequel nous vivons.
Pourquoi avoir eu envie de fonder la Fabrique des Possibles ?
La Fabrique des possibles a été créée fin 2020 au sein du Tiers Lieu The Island, à Montpellier, engagé autour de l’entrepreneuriat social et des projets à impact positif. Avec le gérant du lieu, David, on a eu envie d’y intégrer une structure pour faire de la formation en lien avec les enjeux ADN du lieu. Nous avons alors esquissé le projet avec deux fils rouges. Le premier étant de questionner et de repenser notre rapport entre humains : comment on agit ensemble ? Comment on coopère ensemble ? On fait ensemble ? Comment on repense les formes de gouvernance ? Comment on libère le travail et les individus ?
Le second, de repenser notre rapport avec les non humains : avec la faune, la flore, avec notre environnement avec lequel on a plus une relation de ressource et d’usage, qu’une relation de symbiose, d’amour et d’émerveillement.
Tout est partie d’un projet à trois. D’où est née cette collaboration?
Avec David, créateur de The Island et d’une agence de communication, nous nous sommes rencontrés à mon arrivée à Montpellier via des amis en commun. Nous avons ensuite gardé le lien en sachant qu’on voulait faire quelque chose ensemble. Lorsqu’on a avancé dans la réflexion avec David, j’ai rencontré Arthur, qui venait de reprendre la gestion de The Island, et avec qui nous avions aussi des points communs. Dans le lieu, il manquait des formations en lien avec la transition. C'est ce qu'on a voulu mettre en place, en mettant en avant et en réunissant des acteurs engagés sur les thématiques liées à la transition, pour participer au développement du projet. Aujourd’hui, il y a 5 personnes qui travaillent avec moi en interne et de nombreux professionnels qui gravitent autour de la Fabrique des Possibles et qui s’y impliquent.
Quelles sont les formations que vous proposez ?
Nous avons créé des parcours de formations et de conseils à destination des organisations pour développer les compétences clés de la transition : gouvernance, facilitation, gestion des émotions… Et un programme événementiel autour des enjeux de transition pour les citoyens autour de fresques, rencontres, conférences, projections de films…
Tu faisais quoi avant et quel a été ton déclic pour te lancer dans ce projet ?
J’ai fait une école de commerce. J’ai ensuite travaillé 3 ans en cabinet RH et 3 ans en cabinet de conseil. J’avais envie de mettre ces compétences à destination d’autres choses. Le premier déclic est venu de ma fille, qui lorsqu’elle avait 5 ans m’a dit “ je comprends à quoi sert le travail de maman, mais je ne comprends pas à quoi sert ton travail”. C’était une première baffe pour moi : “à quoi je sers ?” Puis j’ai été dans cette position d’ouverture qui m’a permis de faire des rencontres incroyables et d’avancer vers ce projet professionnel.
Dans vos formations, comment faites-vous en sorte que les personnes réussissent à se mettre dans cette posture d’ouverture ?
C’est un travail du quotidien. Dans le discours que l’on tient avec la Fabrique des Possibles, il y a toujours cette question de la posture que chacun tient dans son engagement. Nous rappelons le fait que pour oeuvrer vers cette société dont on a envie, on ne le fera pas seul. On va devoir le faire avec des personnes avec qui on est en opposition. Pour être en capacité d’échanger avec elles, il faut être ouvert. Chacun à une histoire propre qui explique qu’il en est là où il en est aujourd’hui. On ne va pas juger ça. Ce qui compte, c’est là où on va ensemble. C’est ça qu’on essaie de transmettre à la Fabrique des Possibles.
Qu’est ce que recherchent les personnes qui viennent vers vous ?
Pour toute une partie, c’est de comprendre la crise climatique et quels en sont les enjeux. Il y a aussi des personnes qui ont envie de se mettre en action, mais qui ne savent pas par quel bout commencer. Avec ces personnes, au-delà de la formation, on va aussi être sur une posture de conseil. Et enfin, on a des personnes qui ont déjà un engagement important et cherchent un endroit pour bien vivre avec leur engagement, rencontrer des gens avec qui discuter de ces sujets et apprendre à vivre de manière apaisée avec cette prise de conscience.
En quoi la création d’un lieu comme The Island sert à la transition écologique ?
Je pense qu’il est indispensable d’avoir des endroits qui incarnent et matérialisent ces idées de transformation écologique et sociale. C’est un lieu de vie, d’échange et de ressources pour que les personnes avancent sur ces thématiques.
Quelles sont les spécialités des experts qui travaillent avec vous ?
Sur la communication responsable, on est par exemple en partenariat avec Mathieu Jahnich, qui a écrit le guide de la communication responsable pour l’Ademe. Sur les sujets de gouvernance partagée, on travaille avec Dorothée Cauvy, coach en holacratie, qui apprend la méthodologie liée à ces modèles organisationnels. Sur la partie environnementale, on travaille avec une consultante RSE. Nous sommes aussi en relation avec des personnes qui forment aux bilans carbone…
Quels ont été les retours de certaines personnes qui sont passées par la Fabrique des Possibles ?
J’ai deux exemples qui me viennent en tête : une personne qui nous a dit : “ je ne savais pas à quoi m’attendre. Je savais que ça allait me faire du bien mais je ne pensais pas que ça me ferait autant de bien.” Avec cette personne on a senti une évolution tout au long du parcours, une ouverture. Et l’autre exemple était lors de l’animation d’un atelier de sensibilisation dans un comité de direction. On parlait de la question de l’alimentation et l’un des membres du codir à dit : “je mange de la viande à tous les repas, je ne peux pas m’en passer.” A midi, on leur a proposé un menu végétarien et et cette personne est revenue vers moi en me disant “ça fait plusieurs fois que ma femme me demande qu’on mange plus végétarien, demain je vais peut être lui proposer de manger un plat végétarien.” Le lendemain il m’a envoyé un message me remerciant car il avait passé un bon moment avec sa femme autour d’un repas végétarien. C’est anecdotique, ce n’est pas grand chose, mais c’est déjà une petite victoire.
Le mot de la fin ?
Quelque soit l’aventure de chacun, il faut vite s’entourer, s’enrichir, ne pas rester seul.
Et aussi, sur les sujets de transitions, l'important est d’avoir la tête dans les étoiles et les pieds sur terre : il faut garder un cap ambitieux voire radical dans les objectifs - la transformation est un projet ambitieux - tout en ayant conscience des freins individuels et collectifs.
Pour en savoir plus
👉 Voici les formations de la Fabrique des Possibles.