Compétences et formations

Agir en faveur de la sécurité humaine à toutes les échelles

Le concept de sécurité humaine a été créé il y a exactement 30 ans par le Programme des Nations Unies pour le Développement. Le PNUD souhaitait aborder la sécurité dans toute sa complexité. Le concept inclut non-seulement la protection contre des agressions personnelles et politiques, mais aussi celle contre les risques sanitaires, économiques, alimentaire, environnementaux et communautaires. Le rapport de 1994 élargit notre compréhension des risques que nous vivons, et déplace le curseur de la sécurité nationale vers celle des personnes dans leurs communautés. Car, nombreux sont les Etats bien établis, qui négligent, voire harcèlent, des pans entiers de leur population : minorités (ethniques, religieuses, sexuelles, porteurs de handicap, etc.), classes d’âge (enfants, personnes âgées, etc.) ou même une majorité comme les femmes. Soit que les dirigeants ne veulent pas protéger, soit qu’ils ne le peuvent pas, par exemple lors de catastrophes environnementales. 

Ainsi la sécurité humaine se décline à de multiples échelles (cercle familial, école, rue, accès à l’emploi, discrimination, harcèlement, etc.) et la protection devient le travail de nombreux acteurs. Peut-être même de tous. Car, se pose aujourd’hui la question des différents espaces sociaux que nous habitons.  Comment les rendre plus sûrs, plus bienveillants et plus propices à la dignité de chacun(e).

Source : ONU, 2016.

Concrètement, agir pour la sécurité humaine dans son travail, ça veut dire quoi ? 3 profils inspirants 

Guillaume du Souich, artiste peintre et engagé dans le mouvement associatif, a renforcé son engagement en tant que conseiller municipal à Villejuif. Conscient de l'importance de développer des pratiques de dialogue, il a co-créé une brigade de médiation au sein de la police municipale. Ce premier objectif réalisé, il s'est formé à l'Institut Catholique de Paris pour acquérir des connaissances essentielles sur les enjeux de sécurité, la gestion des foules et la psychologie, qu'il applique déjà dans ses discussions pour désamorcer des conflits. souhaite aller plus loin en se formant et diffusant des bonnes pratiques au sein du conseil municipal ou d’autres institutions de la ville.

Lysithéa, juriste et coordinatrice d'un Centre d'Accueil des Demandeurs d'Asile, a d'abord validé une licence de droit, puis a suivi le Master NOHA (Network of Humanitarian Action) pour se spécialiser en "droit et action humanitaire". Après avoir étudié le droit des conflits armés, la protection des populations civiles et les processus de réconciliation post conflit, elle a ressenti la nécessité de s'intéresser aux différentes méthodes d'intervention existant dans ce domaine. Le DU Intervention civile de Paix est une formation complète sur les méthodes d'intervention civile de paix et m'a permis de découvrir ce domaine. 

Fanny Boone a co-fondé l’Association française de la TTT, dédiée au soutien émotionnel. Fanny exprime son désir de bâtir un monde où chacun peut s'épanouir, mettant en avant l'importance de se former à l'intervention civile de paix pour incarner ce changement positif. En tant que formatrice et consultante, elle cherchait à acquérir des compétences pour une analyse systémique des conflits et leurs résolutions. Elle a donc suivi le Diplôme Universitaire en intervention civile de paix à l'Institut Catholique de Paris en 2023, attirée par l'étude des aspects pratiques de la non-violence.


Des conseils pour agir à l’échelle individuelle et collective 

1. Sécuriser les espaces politiques et sociaux que nous habitons

Alors que les inégalités explosent, que les catastrophes environnementales se multiplient et que la violence domine les médias et la politique, il est légitime de s’inquiéter. Or des concepts et outils pour repenser et travailler notre sécurité humaine existent et sont mobilisés au quotidien par des collectifs citoyens.

Le premier champ de lutte est le droit. Ces dernières années nous ont appris qu’aucun droit n’est pérenne s’il n’est incarné : ni les droits des réfugiés, ni ceux des femmes, ni la presse libre, ni les droits sociaux, ni le droit de vote. Nous pouvons nous informer et nous engager sur nos droits personnels, sociaux, professionnels, sur ceux de notre entourage, de nos aînés, de nos voisins, etc. Nous partageons la responsabilité de rappeler aux autorités publiques, aux managers, aux influenceurs, leurs devoirs premiers de respect de la loi. 

D’autres champs de lutte existent comme l’analyse des conflits dont se saisissent aujourd’hui des collectifs non-violents pour documenter les luttes sociales et environnementales souvent criminalisées, pour observer les forces de l’ordre, pour accompagner des journalistes ou syndicalistes menacés. Cette même attention à la fragilité de l’autre est requise dans les espaces professionnels, religieux, sportifs, familiaux. Bien sûr tout le monde n’est pas habilité à entendre des récits de violences extrêmes. Mais nous pouvons tous, à notre mesure, travailler l’accueil, l’attention, l’observation, l’écoute empathique, l’accompagnement et le relais vers des professionnels.

2. Développer des compétences pour la sécurité humaine

Dans un monde en transformation rapide, nous sommes appelés à marcher ensemble en vigiles ou veilleurs des compagnons de route qui nous sont donnés. Mais des vigiles d’un autre ordre, dont les compétences sont la cartographie des tensions, la connaissance des droits, l’écoute active et bienveillante, la maîtrise des codes de confidentialité, la médiation, la communication non-violente, l’interposition, etc. Finalement des bien-veillants qui, en toute discrétion, sont référents de confiance ; des relais à la croisée des métiers du soin (médecins, infirmiers, pompiers, humanitaires), du lien (travailleurs et assistants sociaux, médiateurs), de l’ordre (gendarmerie, police municipale, agents de sécurité) et de la transformation (journalistes, enseignants, syndicalistes, militants, élus).

3. S’adapter, s’engager, se former

Alors que nous entrons de façon brutale en anthropocène, le dernier rapport du PNUD sur la sécurité humaine rappelle la nécessaire solidarité entre tous les acteurs de protection. Or une beauté de l’entraide en sécurité humaine, c’est qu’elle met en évidence comment tout est lié :  Pratiquer l’hébergement citoyen renforce ceux qui reçoivent comme ceux qui donnent ; Les médiations nomades, ou de nuit dans les quartiers populaires retissent du lien social et limitent la criminalité ;  le dispositif ‘Demandez Angela’, sécurise les femmes dans l’espace public et change les normes de rue; les montagnards de Briançon, qui allaient à la recherche des migrants perdus dans les Alpes enneigées, sauvaient des vies et peut-être notre honneur.

Depuis longtemps, l’institut catholique de Paris réfléchit aux transformations à venir et à la résilience humaine. Parmi les formations qu’il propose, le DU intervention civile de paix offre une méthode unique pour encourager chaque professionnel(le) à repenser ses rôles en protection civile. En partant du travail non-violent effectué depuis des décennies dans des zones de conflit par les organismes partenaires du diplôme (Nonviolence Peaceforce, Peace Brigades International, etc.), une équipe pédagogique mixte (universitaire/professionnelle) y partage les outils clé d’une sécurité humaine contextualisée, renouvelée et solidaire.

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