Compétences et formations

Penser, œuvrer et entreprendre pour la ruralité et le monde

Salut, moi c’est Valentin, je suis le directeur pédagogique de l’Institut de Tramayes, une école post-bac d’un genre nouveau qui forme des jeunes à penser, œuvrer et entreprendre au service du bien commun.

Malgré mon diplôme de Sciences Po Lyon en poche, en 2017, je ne trouvais plus de sens et d’utilité dans le travail auquel je me destinais et je suis parti vivre dans un écovillage d’Ardèche où j’ai vécu deux ans. Aujourd’hui, je cofonde une école pour ceux et celles qui, comme moi sont en quête de sens car nous sommes de plus en plus nombreux.

J’aime faire ce petit sondage express quand je présente l’Institut devant du public : je demande toujours à la cantonade « combien, parmi vous, connaissent un ami, une cousine, un collègue, un parent qui, après son Bac+5 ou de longues études, a tout plaqué pour devenir boulanger, maraîcher, charpentier ou autre ? ».

Généralement je fais mouche et les trois quarts des mains se lèvent. Essayez chez vous, dans vos cercles : succès garanti !

Valentin Bertron est le co-fondateur de l'Institut de Tramayes

La révolte des premiers de la classe

Le journaliste Jean-Laurent Cassely parle de cette génération de premiers de la classe qui se révoltent. Et ils sont de plus en plus nombreux depuis la première parution de son livre en 2017 (il est réédité ce mois-ci, preuve de son succès). En France, un actif sur cinq est en processus de reconversion, une proportion qui monte à un sur trois chez les jeunes de 18-24 ans. Cette génération fuit les bullshit jobs, les boulots de merde :  ceux qui nous font passer des journées entières devant des tableurs excel, à faire des tâches abstraites sans en voir jamais l’aboutissement.

Ces métiers ont été bien décrits par deux autres journalistes : Julien Brygo et Olivier Cyran dans « Boulots de Merde ». Ce livre montre bien les deux aspects des boulots de merde qui sont le lot commun de beaucoup de diplômés de l’enseignement supérieur : socialement et écologiquement inutiles (voire néfastes) d’une part ; et dénués de sens pour l’épanouissement personnel, intime, d’autre part.

Ce qui faisait un objet de recherche pour quelques curieux est aujourd’hui un phénomène de société. Les étudiants d’AgroParisTech dans leur « Appel à déserter » déclarent que « ces jobs sont destructeurs, et les choisir c’est nuire », ils interpellent ceux qui, parmi leur promo « assis derrière un bureau, regardent par la fenêtre en rêvant d’espace et de liberté ». Ils ont raison d’alpaguer, parce que les jeunes sont de plus en plus nombreux à rêver d’autre chose, au point qu’ils abandonnent massivement leurs études : un quart des étudiants sort de l’université sans aucun diplôme. Les étudiants déserteurs rêvent d’utilité concrète, d’activité qui participent directement au bien commun. Ils partent s’installer à Notre-Dame des Landes, pratiquent l’apiculture dans le Dauphiné, ils s’installent dans le Tarn et deviennent paysan-boulangers. Ils se « forment aujourd’hui pour s’installer demain, et travailler de leurs mains ».

C’est à cette génération que s’adresse l’Institut de Tramayes, et nous leur disons : « n’attendez pas cinq ans pour prendre conscience qu’une autre voie est possible. Formez vous dès aujourd’hui pour faire face à tous les défis que nous allons rencontrer demain (et aujourd’hui aussi). »

Qu’est-ce que ça veut dire concrètement ?

Dans le monde qui vient, nous allons devoir (ré)apprendre à produire de nos mains

Fin du pétrole, fin des importations massives d’objets de toutes sortes, de matières premières. Un monde sans pétrole, c’est un monde où nous allons devoir apprendre à construire, à créer, à transformer avec ce qu’on a sous la main et avec nos mains. Il faut donc que la jeunesse apprenne massivement à poser une charpente en bois, à construire des habitations bioclimatiques, à monter un mur en pierre sèche, à faire pousser des fruits et des légumes sans pesticides, à transformer des produits alimentaires de saison pour les garder longtemps, à faire du pain au levain naturel, etc. En un mot, il faut qu’ils apprennent à œuvrer, à être des ouvriers dans son sens le plus noble. Sinon, qui va produire demain le confortable fauteuil depuis lequel tu lis cet article ?

 

Dans le monde qui vient, nous allons devoir nous armer d’esprit critique

Voir plus loin que le greenwashing, apprendre à décoder l’information, à écouter les médias, à comparer les sources, à se faire son propre avis sur la base des faits. Apprendre à écouter des discours et en retirer l’essentiel, comprendre les enjeux du monde : la crise écologique, sociale, politique qui nous traversent tous et toutes. Ces compétences sont aussi essentielles que de faire pousser des fruits et légumes. C’est compliqué d’être utile au monde, d’œuvrer pour l’intérêt général et le bien commun, si on ne comprend et ne problématise pas un minimum le système dans lequel on vit.

 

Dans le monde qui vient, nous allons devoir entreprendre pour le bien commun

Alors que notre système économique est encore tourné vers le consumérisme et la recherche de profit à tout prix, la jeunesse - et la société en général - prend petit à petit conscience qu’il faut entreprendre autrement. Que le profit ne peut pas être l’objectif essentiel d’une activité économique, que sa répartition éventuelle doit se faire selon d’autres modalités. Que les impacts environnementaux et sociaux doivent être pris en compte d’un bout à l’autre de la chaîne de production. Enfin, que le cadre de travail doit être un facteur d’épanouissement plus que d’épuisement. Bref, fini les bullshit jobs !

 

Penser, œuvrer et entreprendre pour la ruralité et le monde

C’est à ces trois défis que l’Institut de Tramayes tente de répondre. A l’Institut, nous nous donnons pour but d’aider des hommes et des femmes à penser, œuvrer et entreprendre pour la ruralité et le bien commun. Cela passe par une formation rassemblant :

  • des sciences humaines et sociales, pour avoir un esprit critique et une capacité d’analyse des enjeux du monde. Au menu : sociologie, économie, géopolitique, histoire et philosophie.
  • l’apprentissage d’un métier manuel, pour acquérir un savoir-faire réellement productif. Il y en a pour tous les goûts : maçonnerie, métallerie, menuiserie, maraîchage, boulangerie et bien d’autres.
  • des sciences de gestion, pour pouvoir créer et gérer une activité économique tournée vers l’économie sociale et solidaire.

Chez nous, on table sur une pédagogie active, parfois appelée pédagogie de projet, ou pédagogie inversée. Le principe : apprendre en faisant. Les étudiants sont mis dans une situation d’action pour acquérir des connaissances. Ainsi, une large place est laissée à des activités réelles et concrètes : que ce soit pour la découverte des métiers manuels en mettant « les mains dans le cambouis » ou pour les sciences humaines et sociales en menant par exemple une enquête de terrain en sociologie sur le territoire. Tu veux apprendre à planter des patates ? Tu vas planter des patates, et tu vas apprendre à le faire bien, en le faisant.

Notre cursus se déroule en huit mois et peut se poursuivre deux années supplémentaires

  • pour se spécialiser sur une métier manuel et obtenir un CAP, un CGEA, ou un autre titre professionnel
  • pour approfondir les sciences de gestion et être accompagné dans la mise en place d’une activité économique pérenne : une association, une coopérative, une entreprise, un collectif, etc.

Notre mission, à l’Institut de Tramayes est de rendre possible un futur plus durable et plus juste en donnant les moyens à ceux qui le veulent de penser, œuvrer et entreprendre au service des autres et de la planète.

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