Sobriété numérique : Quel(s) job(s) pour sauver la planète ?
« Green IT », « informatique durable », « numérique responsable », « sobriété numérique » ... Non, ce n’est pas une nouvelle langue ! Tous ces termes, d’apparence compliqués, ont une signification très proche : ils désignent une approche globale, visant à concilier innovation numérique et respect de l’environnement, de l’éthique, et de l’inclusion sociale. Ce sont l’ensemble des pratiques qui œuvrent en ce sens.
Parce que OUI, le numérique, ça pollue. L’ADEME et l’Arcep estiment qu’il représente 4,4% de l’empreinte carbone en France. Et les horizons ne sont pas meilleurs : avec l’essor des intelligences artificielles, et sans action concrète, l’empreinte du numérique pourrait tripler d’ici à 2050.
Mais pas d’inquiétude, on ne vous demande pas de devenir des ermites sans wifi pour sauver la planète ! Tout est une question d’équilibre. Face à l’urgence environnementale, des entreprises et des institutions prennent déjà le virage de la sobriété numérique, et pour les aider dans leur transition, de nouveaux métiers sont nés.
LES NOUVEAUX MÉTIERS DU NUMÉRIQUE RESPONSABLE, KÉZAKO ?
Pour faire simple, ce sont des jobs où l'éthique et l'environnement sont au cœur des préoccupations numériques. Ils couvrent un large domaine d’expertise.
On retrouve notamment les chargés de numérique responsable et responsables Green IT ou responsable du numérique responsable, qui, chacun avec leurs positionnements et leur mode opératoire, mettent en place et pilotent des actions liées à la transition numérique. Ils assurent le suivi des actions mises en place, pour garantir des impacts positifs sur les enjeux sociaux et environnementaux.
On voit aussi émerger des formateurs numérique responsable, chargé de transmettre leur savoir et d’accompagner les équipes des entreprises clientes dans une utilisation plus raisonnée des outils et technologies numériques. Un peu comme des coachs de l’écologie digitale.
Ils peuvent être recrutés par les directeurs des usages numériques responsables, chargés de définir et mettre en place une stratégie numérique sobre en entreprise. Ils veillent à ce que l’utilisation du numérique soit éthique et durable.
Mais rassurez-vous, pour prendre part à la transition numérique au travail, vous n’êtes pas obligé de tout plaquer pour vous reconvertir ! Les structures à prendre le cap de la sobriété numérique sont de plus en plus nombreuses et diversifiées. Petit tour d’horizon.
UN LABEL POUR LES RÉUNIR TOUTES
Depuis 2021, l’Agence Lucie, l’Institut du Numérique Responsable et France IT s’unissent pour « accélérer le mouvement » du numérique responsable. Ils créent alors un label unique, nommé « Numérique Responsable » (NR). Ce dernier valorise et rassemble toutes les organisations (entreprises, mais aussi associations, administrations ou collectivités) qui s’engagent à réduire leur impact du numérique.
Soutenu par l’ADEME, le ministère de la Transition écologique ou WWF, il est devenu le label référence en matière de sobriété numérique. Exigeant et complet, la labellisation se fait en plusieurs étapes : il faut d’abord recevoir une formation au Green IT et aux démarches RSE (Responsabilités Sociétales des Entreprises). Ensuite, il y a une phase d’auto-évaluation, puis de mise à niveau, parfois accompagner par un professionnel Green IT, comme évoqué plus haut. Ensuite, la structure passe en commission, et elle reçoit le label (ou pas) pour une durée de 2 à 3 ans. Puis, il faut le faire renouveler.
Les entreprises labellisées le sont à différents niveaux. Pour obtenir le niveau 2, considéré comme ayant un niveau de contrôle fort, il faut un score d’au moins 500/1000 en matière d’engagement numérique durable. Le niveau 1 s’obtient plus facilement, avec un niveau de contrôle plus modéré.
Alors, qui est labellisé aujourd’hui en France ?
Vous êtes directeur artistique, banquier(e), juriste, comptable, rédacteur/rédactrice, responsable événementiel, technicien(ne) de maintenance, libraire ou encore agent administratif (et une infinité d’autres professions qui ne sont pas directement liées au numérique), et vous souhaitez évoluer dans une structure qui œuvre pour la sobriété numérique ? Eh bien, bonne nouvelle, vous travaillez peut-être déjà avec une entreprise engagée en ce sens ! Les acteurs labellisés NR sont nombreux et diversifiés, ce qui veut dire qu’une multitude de métiers différents peuvent s’investir pour la sobriété numérique.
Selon le label, la communauté NR se compose d’environ 150 acteurs, parmi lesquels on retrouve plusieurs banques (Boursorama, Crédit Agricole Group Infrastructure Platform, BNP Paribas, La DSI Banque Postale et Assurance ou Fortuneo Banque), boites de communication (Mymétic, Digitaleo, Madison Communication, etc) ou acteurs de nos vies quotidiennes, comme la SNCF Connect & Tech, Colissimo, la RATP Habitat, ou Enedis.
Outre les entreprises, plusieurs collectivités territoriales décident également de passer le cap. Le Conseil régional de Bretagne, la Région Occitanie Pyrénées Méditerranées, la Direction de la communication de La Rochelle, ou encore, la ville de Nevers ont été certifiés « Numérique responsable ».
Grâce à Bruxelles Environnement, UCB Biopharma, Agile Partner ou la Ville de Lausanne, le label s’exporte au-delà des frontières françaises, en Belgique, Suisse et au Luxembourg.
Si vous souhaitez trouver une offre d’emploi dans une de ces entreprises labellisées, vous pouvez d’ailleurs faire un tour du côté de la plateforme d’emploi jobs that makesense, avec le filtre « Label Numérique Responsable » dans la catégorie « Labels et certifications ».
LES MÉTIERS DU RECYCLAGE NUMÉRIQUE
La sobriété numérique s’engage sur toute la vie des appareils, de leur conception à la fin. Et justement, cette fin est souvent problématique !
Alors que, en 2022, l’ADEME estime que la quantité d’e-déchets produite sur la terre dans l’année s’élève à 62 millions de tonnes (l’équivalent de 1,55 million de poids lourds remplis), seuls 22% sont correctement recyclés. C’est très peu, et c’est encore plus inquiétant quand on voit que d’un continent à l’autre, les taux de recyclages font le grand écart : 52 % en Amérique du Nord, 40 % en Europe, 12 % en Asie et moins d’1 % en Afrique.
Face à cette triste réalité, une autre catégorie de métier, s’impose comme des super héros environnementaux : les acteurs du recyclage ou de la revalorisation de nos appareils décédés.
S’il faut évidemment citer les grandes entreprises de reconditionnement comme Back Market, Recommerce, YesYes ou Certideal, il ne faut pas oublier les structures plus petites, souvent locales, sociales ou solidaires, comme les Ateliers du Bocage (un mouvement initié par Emmaus).
La filière DEEE (déchets d'équipements électriques et électroniques) est créatrice d’emplois. Enfonçons tout de suite les portes ouvertes : le recyclage numérique ne se limitant pas au reconditionnement des appareils, ces métiers touchent également à la logistique, au traitement, au diagnostique, au tri, à la réparation, à la suppression de données, au test ou la réparation.
Parmi les emplois porteurs de la filière, on retrouve notamment ceux :
- Du transport logistique (opérateurs ou opératrices de tri, grutier(e)s, responsable d’exploitation ou mécanicien(ne) polyvalent)
- Du marketing (assistant(e)s commerciaux, revendeurs de papier et carton)
- De l’ingénierie (ingénieur(e)s compostage, chimiste)
- Du recyclage pur, comme les agents de déchèterie.
La liste des métiers qui permettent d’œuvrer pour une utilisation du numérique plus raisonnée et moins impactante sur l’environnement est encore bien longue. Pourquoi c’est une bonne nouvelle ? Eh bien parce que c’est l’illustration qu’on peut tous agir différemment. Qu’on soit salarié(e), dirigeant(e), entrepreneur(e), citoyen(ne) ou encore étudiant(e), chacun peut contribuer à cette transformation, à son niveau.
Alors, toi, à part faire attention à ta planète, tu veux faire quoi plus tard ?